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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 
VALLET François
 
 

Est né le 9 juin 1903 au domicile de ses parents au bourg de Trévol (03). Son père François est journalier et sa mère Jeanne née BOUQUET est sans profession.

Photo: Archives de la famille.

Incorporé le 10 mai 1924 au Groupe N° 4 des Chasseurs Cyclistes il est transféré aux Pays Rhénans du 15 mai 1924 au 4 novembre 1925. Il est rayé des contrôles le 10 novembre 1925.


Il exerce le métier d'employé de commerce, puis de vulcanisateur.

Le 8 novembre 1933 il épouse Angélina BESSEYRE à Clermont-Ferrand (63).


Rappelé le 1er septembre 1939, il est affecté au centre de Mobilisation du Train N° 13 (121ème Compagnie), puis au CORA ( Centre d'Organisation du Regroupement Automobile).

Il est démobilisé le 18 juillet 1940 par le centre de Montpellier et se retire à Clermont-Ferrand.

Source du document ci-contre: Archives de la famille.

Archives de la famille
 
En 1941 il vient habiter à Gerzat (63) dans la banlieue de Clermont-Ferrand.

Membre des FTPF (Francs-Tireurs et Partisans Français) il participe à plusieurs sabotages de lignes électriques, de voies ferrées et un transformateur.

Le 21 juin 1944 il est le dernier sur la liste des 34 personnes (4 femmes et 30 hommes) arrêtées dans la rafle à Gerzat (63). Selon son témoignage il est arrêté par le traître Georges MATHIEU parce que communiste.
 
 
 
Il est transféré à la cellule 15 à la prison du 92ème R.I. à Clermont-Ferrand. Par deux fois il est emmené Avenue de Royat où il est violemment torturé , puis il est ramené au 92ème R.I.

Le 19 juillet il est transféré à Compiègne.

Le 28 juillet 1944 il fait partie des 1652 hommes déportés de Compiègne à Neuengamme où il arrive le 31 dans le convoi N° I.250. Il reçoit le matricule N° 39803.

Il passe la quarantaine à charger et décharger du sable avec des wagonnets, puis il est affecté au Kommando de Salzgitter Gebhardshagen.
 
 
Salzgitter Gebhardshagen: Kommando du KL Neuengamme. Dans ce Kommando ouvert fin août 1944 les détenus extraient du minerai dans une mine de fer de Haverlachwiese dépendant du complexe sidérurgique Hermann Göring. Il est évacué le30 septembre 1944.
Source: Mémorial des Français Déportés à Neuengamme.

Revenu à Neuengamme pour quelques jours il est affecté à un nouveau Kommando, celui de Husum-Schwesing.

Husum-Schwesing: Kommando du KL Neuengamme. Ce Kommando du Schleswigh-Holstein, situé près de la Mer du Nord, fonctionne de septembre à décembre 1944 pour creuser des tranchées anti-char dans la zone côtière marécageuse. Plus de 1500 détenus y travaillent.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Selon François VALLET, «le camp est situé dans un marécage. Les baraquements sont construits sur pilotis. Une odeur nauséabonde se dégage qui vous prend à la gorge. Nous sommes conduits chaque matin à 40 km d'Husum par un chemin de fer à voie étroite. Le réveil a lieu à 4 heures. C'est à ce moment-là que le pain et la margarine nous sont distribués pour la journée».

Il reste environ trois semaines dans ce Kommando avant d'être renvoyé à Neuengamme où il est  affecté à un block de repos pendant trois semaines. Puis il est affecté au Kommando de Meppen Versen où il arrive le 18 janvier 1945.

 
 
Meppen Versen: Kommando du KL Neuengamme. Ce Kommando est créé en novembre 1944 pour creuser des fossés anti-char près de la frontière hollandaise dans l'Emsland.
Sources: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation et Mémorial des Français Déportés à Neuengamme.

Il reste dix jours dans ce kommando et est ensuite transféré en tant que vulcanisateur  au camp de Ravensbrück.

Il témoigne: "C'est dans cette région que j'ai rencontré un Kommando de travail de femmes. Elles sont traitées aussi durement que nous. Même travail, mêmes appels, même régime: faim, fatigue, terreur".

Puis à l'approche des Soviétiques ils sont évacués en train sur des plates-formes vers Oranienbourg et Sachsenhausen où ils sont occupés à dégager les bombes non éclatées.

Le 21 avril ils évacuent le camp à marches forcées.

Il est libéré par les Russes lors de l'évacuation et des marches forcées. Voici un extrait de son témoignage écrit concernant l'évacuation et sa libération:

 

           " Le 21 au réveil, les Polonais sont appelés les premiers à l'appel. Il leur est distribué une boule de pain et une boîte de singe pour 5. Après les Polonais des rations sont distribuées aux Tchèques, aux Hongrois, aux Français, aux Belges et aux Hollandais.

          La distribution terminée, nous partons à pied sur la grand route. Les S.S. nous accompagnent avec leurs armes. Le premier jour nous effectuons 35 kilomètres. Nous couchons dans la grange d'une ferme. Pendant la nuit le morceau de pain que je possédais a disparu. Plus rien à manger. Que vais-je devenir?

           Le lendemain nouvelle étape de 20 à 25 kilomètres. Tous les jours il faut marcher sans savoir où l’on va. Ces marches forcées commencent le 21 AVRIL pour ne se terminer que le 4 MAI. Au bout de quelques jours nombreux sont les camarades qui tombent, épuisés de fatigue. Beaucoup meurent de faim. Le soir, l’étape terminée, nous ramassons des feuilles de frêne, des orties, des pissenlits, nous puisons de l’eau dans le fossé, et nous faisons tiédir cette drôle de nourriture.

         Des hommes exténués s’arrêtent et se reposent le long des fossés. Malheur à eux. L’arrière-garde du convoi est déjà là. Les sauvages relèvent le numéro matricule de la veste du détenu sur un carnet, ils le font coucher face contre terre et lui décharge le revolver dans la nuque. La route est jalonnée de cadavres zébrés. Nous ne faisons pas 100 mètres sans trouver un  camarade mort assassiné.

          Les premiers jours les plus robustes viennent en aide à leurs camarades fatigués, mais au bout de quelque temps l’épuisement est si grand que même les plus endurcis, les plus courageux ont peine à se traîner.

        J’ai vu des camarades mourir avec toute leur lucidité. A bout de souffle il leur est impossible de continuer la route. Désespérés, ils pleurent, appellent leur maman, leur épouse, leurs enfants, se couchent face contre terre, se mordent les poignets et attendent d’être immolés.

       Les derniers jours je n’ai plus d’illusion, je sens que mon tour arrive. Je tombe à chaque instant. De bons camarades m’aident à me relever. La mise en marche me fait atrocement souffrir. Soutenu pendant le premier kilomètre, je finis par marcher sans secours comme un automate.

       Chacun se demande : Demain pourrai-je faire l’étape ?

       Le 2 MAI un appel a lieu. Sur 32.000 partis le 22 AVRIL, nous ne restons plus que 21.000. Après une pause de 48 heures dans une forêt, nous reprenons notre marche. Maintenant la route est encombrée, impossible d’avancer. Des convois interminables de voitures, de civils encombrent la route. L’aviation anglo-américaine bombarde les colonnes. Nous fabriquons des coutelas avec des cercles de tonneau et, si nous le pouvons, nous découpons un morceau de cheval mort, que nous mangeons cru pour calmer notre faim.

       Les routes sont de plus en plus défoncées. Les cadavres, les chevaux, les voitures s’amoncellent partout. Nous sommes à nouveau dans une forêt. Là, les S.S. nous apprennent qu’ils attendent une décision d’Himmler. Froidement on nous la communique. Nous serons tous fusillés.

       Tout à coup, à notre grand étonnement, nous apercevons des camions de la Croix-Rouge Internationale. Ils s’arrêtent à la lisière de la forêt. Ils demandent aux S.S. l’autorisation de nous distribuer des vivres. Un colis d’un kilo pour 5 nous est distribué.

      Le lendemain matin 4 MAI à 4 heures, l’appel n’a pas lieu comme de coutume. Cinq, six, sept heures passent, toujours rien. Jusque-là personne n’avance vers la route, il nous est défendu d’en approcher sous peine de mort. Intrigués quelques camarades grimpent aux arbres et s’aperçoivent que les S.S. et leurs chiens ont disparu. Nous approchons tous de la route et notre surprise est grande en voyant passer des estafettes russes en moto. Peu après des voitures, des camions arrivent.

       Nous sautons au cou des Russes, nous les embrassons. Nous trépignons de joie, leur serrons la main. Impossible de nous comprendre, mais pour nous c’est la délivrance, la liberté, la vie".


Il est rapatrié le 21 mai 1945.

Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 583565), il est homologué en tant que Résistant au titre   de la R.I.F. (Résistance Intérieure Française) et des D.I.R. (Déportés et Internés Résistants).

La carte de Déporté Résistant N° 1.001.23390 lui est attribuée  sur décision du MInistère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date d 4 octobre 1954,  celle du Combattant Volontaire de la Résistance le 27 mai 1955.
 
Archives de la famille Archives de la famille

Source des documents ci-dessus: Archives de la famille.

Il adhère à l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes du Puy-de-Dôme, puis de l'Allier.

Archives de la famille

Source du document de gauche: Archives de la famille.

Source du document de droite: Archives de l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de l'Allier.


 
Il décède à Moulins (03) le 7 juin 1987.
 

Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 1 R 1923.962.1135,

- Archives de la famille

- Archives de l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de l'Allier.

- Etat civil de Trévol (03) et de Clermont-Ferrand (63)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémorial des Français Déportés à Neuengamme Amicale de Neuengamme

- Office Départemental des Anciens Combattants de l'Allier

- Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 583565)

- Vallet François Témoignage écrit transmis par la famille
 
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