Err

Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

LAZARD Catherine Gabrielle

Nous sommes à la recherche d'une copie de sa carte de Déporté. Nous contacter: afmddelallier@orange.fr



Archives de la famille

est née le 14 août 1879 au domicile de ses parents 29, rue de l'Arbre Sec à Fontainebleau (77).

Son père Salomon est directeur de manèges et sa mère Mathilde née DURLACH est sans profession.

Le 4 août 1898 à Paris (10ème) elle épouse René Simon KAHN, commissionnaire en marchandises. Ils divorcent le 20 mars 1902.

Photo: Archives de la famille.


Le 1er septembre 1904 au Vésinet (78) elle épouse en secondes noces Marcel Hector CAHEN, rentier, et ils ont deux filles. Le mariage est dissous le 20 novembre 1913.

Artiste dont le nom de scène, DARZAL, est l'anagramme de LAZARD, elle intervient dans plusieurs films d'Abel Gance et de Marcel L'Herbier. Elle réside successivement à Fontainebleau, Paris, Le Vésinet, Vaucresson et Vichy au N° 5, rue de la Tour.

Le 16 juillet 1942, elle fait l'objet d'un rapport de la Police aux Questions Juives qui l'accuse de "posséder 2 cartes d'identité fausses, soit par elle soit par une tierce personne chargée de l'établissement des cartes".Le motif en est que et sur la carte d'identité et sur le permis de séjour N° 10451 pour Vichy, "est ajouté avec une encre de même couleur , mais d'une écriture différente et ""hors marge""Vve devant le nom le nom LAZARD. Ces deux pièces faussent complètement l'identité et les explications ayant été très embarrassées, c'est à mon avis Mme LAZARD qui a établi le faux". 



Il lui est également reproché d'être "propriétaire de l'immeuble ""Les Pâquerettes"" à Enghien et probablement d'autres, en particulier à Fontainebleau", mais aussi d'avoir "en outre des liens de parenté avec LAZARD banquier".

Ses immeubles de Fontainebleau sont mis sous administration provisoire par Darquier de Pellepoix, commissaire général aux Questions Juives selon le Journal Officiel de l'Etat Français N° 73 du 26 mars 1943 page 868.

Source du document ci-contre: Bibliothèque Nationale de France sur site Internet Gallica.





Jean-Pierre AZÉMA et Olivier WIEVORKA expliquent l' "intérêt" pour l'Etat Français de  mettre les entreprises juives sous administration provisoire: « Pour rompre leur (1) influence économique supposée, Vichy, désireux d’aligner le Sud sur les mesures prises dès le 18 octobre 1940 par les Allemands, aryanise les entreprises (22 juillet 1941). Les propriétaires juifs sont dépossédés de leurs biens, confiés à des ¨¨administrateurs-gérants¨¨ qui réalisent souvent de fructueuses affaires. Pour un bien aryanisé, les services français reçoivent couramment de 10 à 15 demandes émanant de bons Français… Ces dispositions ont un but affiché : marginaliser. De fait on estime qu’à l’été 1941, plus de la moitié de la communauté se trouve privée de tout moyen d’existence ».
(1) l’influence des Juifs.
Source : Vichy, 1940-1944 Jean-Pierre Azéma Olivier Wievorka Editions Perrin 2004.

Concernant la judéité de Gabrielle LAZARD, l'inspecteur écrit que "Mme LAZARD prétend en outre n'être pas juive au sens de la loi du 2 juin, car si elle reconnaît que son père était juif, elle affirme que sa mère ne l'était pas ni sa grand-mère, mais elle n'a aucune pièce justificative". Il manque le délit de faciès. C'est chose faite en conclusion de son rapport, car  l'inspecteur de la Police aux Questions Juives ne peut s'empêcher d'ajouter que " Mme LAZARD présente un type sémite des plus accentués"!

Le rapport est transmis  au Chef de la Police aux Questions Juives pour la région de Clermont-Ferrand qui demande 
"A- à Mr le Préfet de l'Allier:
a) de bien vouloir mettre Mme LAZARD dite DARZAL en demeure de souscrire ses déclarations d'israélite et de lui appliquer les sanctions prévues pour non recensement de la loi du 2 juin 1941.
b) de bien vouloir faire vérifier par les services de police dans quelles conditions les cartes d'identité en sa possession ont été falsifiées et de bien vouloir procéder, si besoin est, à l'ouverture d'une information judiciaire pour faux et usage de faux.
c) de bien vouloir procéder, après ces vérifications, à l'expulsion de Vichy de l'intéressée.
B- à Mr le Commissaire des Questions Juives de vouloir nommer un Administrateur Provisoire pour les immeubles que l'intéressée possède en zone occupée.
C- à Mr le Chef de la P.Q.J. de Lyon de bien vouloir vérifier si Mme LAZARD-DARZAL n'a pas habité en juillet ou août 194m à Lyon, 11, quai St-Antoine".

Le 22 juillet 1942, le Préfet de l'Allier demande au Commissariat Spécial de Vichy de faire une enquête "relative à la nommée LAZARD dite DARZAL, demeurant 5, rue de la Tour à Vichy".

L'inspecteur chargé de l'enquête rend le 5 août 1942 son rapport en ces termes:
" Madame LAZARD Gabrielle, artiste lyrique se faisant appeler DARZAL, née le 14 août 1888 à Fontainebleau de feu Michel et de feue Mathilde DURLAC, s'est mariée en 1903 à Vaucresson (S.&.0.) avec CAHEN Marcel, de confession juive. En 1912, elle obtenait le divorce. Quelques années plus tard son mari mourait. Mme CAHEN reprenait alors son nom de jeune fille, LAZARD, dite DARZAL de son nom d'artiste.
Chaque année, depuis fort longtemps, elle venait passer l'été à Vichy. La mairie de cette ville lui a délivré le 17 juillet 1925 une carte d'identité en bonne et due forme. Une nouvelle carte d'identité lui a été remise par le même bureau le 2 août 1940 dans les mêmes conditions. Mais, lors de la remise de son permis de séjour le 28 janvier 1941, un employé préposé au service a ajouté à la dite carte: ""Mme Vve"" devant le nom LAZARD, ce qui n'est pas exact, puisqu'il s'agit de son nom de jeune fille. Il n'y donc pas eu falsification d'identité. Tous les papiers que Mme LAZARD possède sont réguliers.
Son père étant israélite, sa mère aurait été catholique. Son mari était également juif, elle est donc d'origine juive. Cependant elle se défend d'appartenir encore à cette confession. Tout récemment elle l'a reniée pour se faire catholique. Elle aurait été baptisée en 1941 à Randan (Puy-de-Dôme) et se retranche derrière cette formalité pour justifier son abstention de toute déclaration dont sa qualité de juive lui faisait obligation".

Elle  est finalement arrêtée le 3 mai 1944 par les nazis sur dénonciation selon la famille.

Le 12 mai 1944 elle est transférée à Drancy où elle reçoit le matricule N° 21625.

Elle est déportée le 20 mai 1944 de Drancy à Auschwitz par le convoi N° 74.

Source du document ci-dessus: Mémorial de la Shoah C74_25.

Dans Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, Serge Klarsfeld écrit à propos du convoi N° 74: "565 hommes, 632 femmes et 3 indéterminés constituent ce convoi de 1200 personnes dont 191 enfants de moins de 19 ans.  (...) A l'arrivée à Auschwitz, 188 hommes furent sélectionnés et reçurent les matricules A 5529-A 5716. (...)  Nous avons compté 108 survivantes en 1945. Un nombre au moins égal de femmes a dû être sélectionné. Il y avait en 1945 en plus 39 survivants hommes".

Elle décède à Auschwitz

- le 15 mai 1944  selon l'état civil de Fontainebleau

- le 25 mai 1944  selon le JO N° 255 du 3 novembre 1987.

Rappel de la Loi n° 85/528 du 15 mai 1985 sur les actes et jugements déclaratifs de décès des personnes mortes en déportation.
Article 3 - Lorsqu'il est établi qu'une personne a fait partie d'un convoi de déportation sans qu'aucune nouvelle n'ait été reçue d'elle postérieurement à la date du départ de ce convoi, son décès est présumé survenu le cinquième jour suivant cette date, au lieu de destination du convoi.

Selon la loi du 15 mai 1985, Catherine Gabrielle LAZARD est décédée à Auschwitz (Pologne) le 25 mai 1944.

"Mort pour la France"

La carte de Déporté Politique N° 2.175.12280 lui est attribuée à titre posthume sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 29 juillet 1957.


"Mort en déportation" suivant l'arrêté du Secrétariat d'Etat aux Anciens Combattants en date du 30 novembre 1997 paru au Journal Officiel du 3 novembre 1987. 




Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 996 W 159.01, 778 W 15.1,

- Archives Départementales du Puy-de-Dôme 908 W 168

- Archives de la famille

- Bibliothèque Nationale de France sur site Internet Gallica.

- Centre de Documentation Juive Contemporaine C74_25

- Etat civil de Fontainebleau (77), de Paris (10ème) et du Vésinet (78)

- Klarsfeld Serge Liste des transferts de Vichy à Drancy le 12 mai 1944

- Klarsfeld Serge Mémorial de la Déportation des Juifs de France 1978

- MemorialGenWeb  site Internet

©  AFMD de l'Allier