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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

CUOQ Louis Adrien Frédéric

est né le 31 août 1920 au domicile de ses parents à Poutès commune d'Alleyras (43). Son père Frédéric et sa mère Marie née CHATEAUNEUF sont cultivateurs.

Source de la photo: Robert Fallut Faits divers 1939-1945 dans le canton de Bourbon-l'Archambault Imprimerie Guériaud mars 2003.

Il exerce le métier de serrurier aux usines Michelin à Clermont-Ferrand (63) où il est domicilié au N° 25, allée des Côtes de Chanturgues.


Il appartient à la cellule des Jeunesses Communistes dite "Barbusse" à Clermont-Ferrand spécialisée dans l'impression de tracts. Il passe dans la clandestinité avec de faux papiers sous le pseudonyme de Jean Maurin, ce qui lui permet d'éviter d'être arrêté avec le groupe en septembre 1941.

Il est hébergé à la ferme de La Barbaudière à Vieure (03) tenue par Jacques FILIATRE et son fils Georges.

Il y est arrêté le 8 janvier 1942  avec une fausse carte d'identité au nom de Jean-Baptiste MORIN.

Selon l'enquête des Renseignements Généraux de l'Allier il arrive à La Barbaudière fin décembre 1941 avec «une ronéo et une cinquantaine de kilogrammes de papier qui servaient à la fabrication de tracts». Le tout est dissimulé dans un faux grenier de la ferme.

Jacques FILIATRE est condamné à 4 ans de prison par le Tribunal Militaire de Clermont-Ferrand et son fils Georges est relaxé faute de preuves suffisantes.

Quant à Louis CUOQ il est condamné dans un premier temps à 15 ans de Travaux Forcés et à 15 ans d'Interdiction de séjour, puis aux Travaux Forcés à perpétuité par la Section Spéciale du Tribunal Militaire 13ème D.M. en date du 26 février 1942 pour «menées de nature communiste», c'est-à-dire " Avoir remis à différentes reprises à un tiers des documents communistes à fins de diffusion-S'être procuré une machine à écrire destinée à la propagande- S'être employé à l'installation d'un matériel à utiliser en vue de la même propagande".

Il est interné à la prison de Nontron (24) de mars à novembre 1942, puis à la maison d'arrêt de Mende (48) de novembre 1942 à octobre 1943.

Le 15 octobre 1943 il est transféré à la Centrale d'Eysses où il est inscrit sur le registre sous le N° 472.

 
Source du document ci-dessus: Archives Départementales du Lot-et-Garonne (940 W 118). Fiche signalétique d'Eysses.

Ses talents de calligraphe sont utilisés à la rédaction d'un journal clandestin Le Patriote Enchaîné. Dans "Eysses contre Vichy 1940-..."  l'Amicale des Anciens d'Eysses écrit:  « Très vite, les détenus ressentent la nécessité d'avoir leur journal à l'intérieur de la prison et cette question posée fut résolue. Le journal n'est certes pas imprimé, mais à l'équipe rédactionnelle est adjointe une équipe technique chargée de reproduire le plus lisiblement possible les articles et de les agrémenter de dessins. Au préau 2 Bonfante se distingue par ses dessins; le jeune CUOQ de Clermont-Ferrand devient un as de la fine calligraphie et présente, en petits caractères imités de l'imprimerie, de nombreux textes du Patriote Enchaîné. La finition de ces journaux ferait presque supposer que ce sont des publications obtenues avec un matériel moderne».


 

Ci-contre on peut admirer la qualité exceptionnelle de ce travail minutieux réalisé dans la clandestinité avec les moyens du bord.


Source: Eysses contre Vichy 1940-...  Amicale des Anciens d'Eysses Editions Tirésias octobre 1992.


Du 19 au 23 février 1944 il participe à l'insurrection de la Centrale. Celle-ci échoue de peu. Devant la menace d'un bombardement par les troupes allemandes appelées en renfort les insurgés se rendent. 12 prisonniers sont fusillés.

Le 30 mai plus de 1100 détenus sont «remis aux autorités allemandes», en clair ils sont livrés aux nazis.

Le 30 mai plus de 1100 détenus sont «remis aux autorités allemandes», en clair ils sont livrés aux nazis, en l'occurrence la Division Das Reich qui se rendra coupable de la pendaison de 99 otages à Tulle le 9 juin, puis du massacre de 642 personnes à Oradour-sur-Glane le 10 juin.

Cette unique photo des emprisonnés d'Eysses en colonne par cinq, les mains sur la tête, au moment où ils quittaient la Centrale aux mains des S.S.le 30 mai 1944 pour la gare de Penne-d'Agenais (Lot-et-Garonne) où ils allaient être embarqués vers Compiègne, a été prise par un garde mobile d'une fenêtre dominant la cour d'honneur.

Source de la photo: L'insurrection d'Eysses 19/23 février 1944 Une prison dans la Résistance Amicale des Anciens d'Eysses Editions Sociales 1974.

Ils sont transférés en wagons à bestiaux de Penne d'Agenais (47) à Compiègne où ils arrivent le 2 juin.

Le 18 juin 1944 Louis CUOQ est déporté de Compiègne à Dachau où il arrive le 20 dans le convoi N° I.229. Il y reçoit le matricule N° 73315.


Source du document ci-dessus: Mémorial annuaire des Français de Dachau Amicale des Anciens de Dachau 1987.

Après la quarantaine il reste au camp central de Dachau au Block 25.


Source du document ci-dessus: Service International de Recherches d'Arolsen 10013664.

Il décède

- le 15 janvier 1945 à 7 heures 50 à l'Infirmerie de Dachau selon le Service International de Recherches d'Arolsen. Voir document ci-dessus.

- le 15 janvier 1945 à Dachau selon l'état civil d'Alleyras et le JO N° 27 du 2 février 1988.

Selon un témoignage il serait décédé des suites d'un matraquage par le kapo lors du contrôle hebdomadaire des poux.

«Mort pour la France»

Monsieur le Maire de Clermont-Ferrand lors de la séance du 19 septembre 1947 du Conseil Municipal propose de changer la dénomination de la rue des Côtes et de lui donner le nom de Louis CUOQ.

« Le 14 janvier 1945 mourrait au camp de Dachau Louis CUOQ, né le 30 août 1920, dont les parents habitent les côtes de Chanturgues.

Membre de la Résistance depuis 1940, «Front National», ce jeune patriote arrêté par la Police française le 9 janvier 1942, interné dans diverses prisons, puis au camp d'Eysses, fut déporté le 30 mai 1944.

Afin d'honorer sa mémoire, je vous propose de donner son nom à la rue des Côtes dont l'appellation est un sujet de confusion avec le chemin des Côtes Fleuries situé dans le même quartier».

 

Photos: Franck Boussahba.


La carte de Déporté Politique lui est attribuée à titre posthume le 30 janvier 1954.  Il  est pourtant homologué (Dossier GR 16 P 152984 ) comme résistant par le Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre  au titre de la R.I.F. (Résistance Intérieure Française).


DIAC Clermont-Ferrand

Source: Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand.

"Mort en déportation" suivant l'arrêté du Secrétariat d'Etat aux Anciens Combattants  en date du 24 novembre 1987 paru au Journal Officiel N° 27 du 2 février 1988.

Suivant l'article 1er de l'arrêté du Ministère de la Défense en date du 20 avril 1990, le "Bataillon F.F.I. de la Centrale d'Eysses" est assimilé à une unité combattante pour la période du 9 décembre 1943 au 31 mai 1944.



Sources: 

- Amicale des Anciens d'Eysses L'insurrection d'Eysses 19/23 février 1944 Une prison dans la Résistance Editions Sociales 1974

- Amicale des Anciens d'Eysses Eysses contre Vichy 1940-…  Editions Tirésias octobre 1992

- Archives  Départementales de l'Allier 996 W Police Politique Septembre 1943

- Archives Départementales du Lot-et-Garonne Fiche signalétique d'Eysses  940 W 118

- Archives Départementales du Puy-de-Dôme 901 W 135, 1296 W 75, 1296 W 100, 2330 W 37,

- Archives Municipales de Clermont-Ferrand Extrait du registre des délibérations du Conseil Municipal Séance du 19 septembre 1947

- Bulletin Officiel des Armées Arrêté du 20 avril 1990

- Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand

- Etat civil d'Alleyras (43)

- Fallut Robert Faits divers 1939-1945 dans le canton de Bourbon-l'Archambault Imprimerie Guériaud mars 2003

- Fallut Robert Hoche 1939-1945 La Résistance du tract à la lutte armée en Allier mai 2008

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémorial annuaire des Français de Dachau Amicale des Anciens de Dachau  1987

- MemorialGenWeb  site Internet

- Patriote résistant (Le), mensuel de la FNDIRP juin 2007

- Sérézat André Biographie de Louis Cuoq

- Service Historique de la Défense GR 16 P 152984

- Service International de Recherches d'Arolsen 10013664,

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