Err

Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

LETAILLEUR Louis Albert Eugène Georges

Nous sommes à la recherche d'une copie de sa carte de Déporté. Nous contacter: afmddelallier@orange.fr


est né le 24 janvier 1912 au domicile de ses parents au N° 47, rue Levillain à Boulogne-sur-Mer (62).

Son père Louis Auguste est ébéniste et sa mère Berthe née LEVÊQUE est sans profession.

Source de la photo: Archives d'Etienne Ravelinghien, ami et collègue de Louis Letailleur au G.C.R d'Argenton-sur-Creuse.


En 1932 il obtient le Brevet de Préparation Elémentaire du service militaire comme agent de transmission.

Incorporé le 15 avril 1933 il est affecté au 8ème Régiment du Génie et est nommé caporal le 18 octobre 1933. Il passe dans la disponibilité le 15 avril 1934.

En 1938 il est mécanicien ajusteur et est domicilié 11, impasse d'Outreau à Boulogne-sur-Mer (62).




Photo de gauche Louis LETAILLEUR à Boulogne-sur-Mer. Photo de droite: Louis LETAILLEUR à gauche. A droite son frère Albert. Photos transmises par la famille. Remerciements.

Albert est fait prisonnier N° 10040 et est transféré au Stalag IX C à Bad Sulza où il reçoit le matricule N° 41827.

Source du document ci-dessus: Liste Officielle des Prisonniers de Guerre Bibliothèque Nationale de France sur site Internet Gallica.

Quant à Louis, il est rappelé le 26 août 1939 et participe en tant que radio avec le grade de sergent à la guerre 1939-1940 en France, puis en Belgique et en Hollande avant de revenir dans la Somme.

Il est cité à l'ordre de la division le 30 juin 1940: «Chef de poste radio d'un grand sang-froid. Détaché dans une D.I. a assuré en toutes circonstances les liaisons radio dans les meilleures conditions malgré les violents bombardements auxquels son poste était soumis. Encerclé par l'ennemi a réussi à ramener son matériel et son personnel. Croix de Guerre avec Etoile d'Argent».

Le 26 juillet 1941 il épouse Mauricette LAPLACE à Argenton-sur-Creuse (36).

Sur l'acte de mariage il déclare comme profession employé aux P.T.T. alors qu'il est sergent radio du G.C.R. (Groupement de Contrôles Radioélectriques) d'Argenton-sur-Creuse.

 

Sous le couvert d'écoutes de presse et d'écoutes commerciales le G.C.R. travaille en fait pour le 2ème Bureau français et le M16 de l'Intelligence Service Britannique.

Photo prise en novembre 1940 au G.C.R. d'Argenton-sur-Creuse. A gauche Etienne Ravelinghien, à droite Louis Letailleur. Photo transmise par Emile Ravelinghien. Remerciements.

Il entre le 1er décembre 1943 au réseau «Pourpre» (BCRAM : Bureau Central de Renseignements et d'Action Militaire) de Lyon.

Il est arrêté par la Gestapo le 29 avril 1944 dans un quartier des Isles à Montluçon (03) alors qu'il est en train de transmettre des messages. En sa compagnie se trouve 
Marius VAYER qui fait office de guetteur. Ce dernier au cours de son internement à la Mal-Coiffée fera le récit des circonstances de leur arrestation à un co-détenu, Daniel LOTS, qui rédigera un rapport dont est tiré l'extrait suivant.


« J'ai été en contact avec VAYER à la prison de Moulins (Allier) chambre 11 où j'étais moi-même interné. Voici ce que VAYER m'a raconté sur son arrestation. (…) Vers les 10 ou 11 heures son collègue LETAILLEUR finissait de passer, avec son poste émetteur clandestin, une série de messages.

VAYER qui faisait le guet s'aperçut tout à coup que des civils envahissaient les dépendances du local où ils se trouvaient. Ces hommes entouraient littéralement le local et cela parut suspect à VAYER qui prévient aussitôt son radio. Celui-ci continua de transmettre ses derniers messages (7 ou 9). Mais la Gestapo, car c'était elle, commence à monter l'étage où se trouvaient VAYER et LETAILLEUR. Aussitôt ce dernier essaie de replier le poste émetteur, mais il est trop tard et il est obligé de lever les bras. Il était pris. VAYER pendant ce temps essaie de se cacher dans une pièce vide et barricade la porte avec une pièce de bois. (...) Un inspecteur de la Gestapo veut pousser la porte de la pièce où se trouve VAYER, mais, comme elle résiste, il n'insiste pas. Quelques minutes se passent et il revient, il arrive à ouvrir et marche vers le placard où se trouvait caché VAYER. Dès qu'il l'aperçoit il commence à hurler et appelle ses camarades. VAYER est pris lui aussi».

Il est interrogé à l'Hôtel de l'Univers, siège de la Gestapo à Montluçon, avant d'être transféré à la Mal-Coiffée, prison militaire allemande à Moulins (03), où il va être affecté à la chambre 2 dans laquelle se trouve Pierre CHANIER de Montluçon. Son témoignage diffère quelque peu de celui de Daniel LOTS.

Selon le témoignage de Pierre CHANIER  «LETAILLEUR a été arrêté fin avril vers 11 h 30 avec son garde du corps VAYER dans la maison de Louis AUDOUX, peintre-plâtrier, demeurant aux Isles à Montluçon. Ce sont des radios allemands qui ont fait le point où se trouvait le poste émetteur et qui l'ont arrêté; ce jour-là, m'a-t-il dit, il avait 5 messages à passer, alors que normalement il devait en passer seulement trois sans être repéré. Il n'a pu m'assurer avoir été dénoncé et c'est pour avoir voulu passer tous les messages en une seule fois qu'il a été arrêté (à son avis).

Lors de son arrestation, il n'a pas été maltraité; les radios qui l'ont arrêté lui ont fait connaître qu'ils le considéraient comme un prisonnier de guerre; c'est une chance qu'il n'ait pas été livré à la Gestapo pour interrogatoire».

Dans la nuit du 24 au 25 août, il fait partie des 66 derniers détenus de la Mal-Coiffée à être embarqués en gare de Moulins par les nazis comme otages pour protéger leur fuite. Les voies étant coupées ils restent bloqués pendant trois jours en gare de Paray-le-Monial (71). A Belfort où ils arrivent le 1er septembre, ils sont internés à la Caserne Friedrich.

Le 5 septembre il est déporté de Belfort à Buchenwald où il arrive le 10 dans le convoi N° I.285.


Source du document ci-dessus: Extrait de la liste du convoi N°I.285 transmise par l'Association Française  Buchenwald-Dora et Kommandos.


Source du document ci-dessus :  Service International de Recherches d’Arolsen 6480488.


Il reçoit le matricule N°85209 et, après la quarantaine au Block 63 au Petit Camp, il passe au Block 10 au Grand Camp. Il serait resté au camp central avant d'être transféré au Kommando S III à Ohrdruf.

Source du document ci-dessus: Extrait du Registre Matriculaire des 85000 transmis par l'Association Française  Buchenwald-Dora et Kommandos.

Ohrdruf: Kommando du KL Buchenwald. Créé administrativement par les SS le 6 novembre 1944, il est situé à 70 kilomètres au sud-ouest de Weimar, en Thuringe. Le complexe d'Ohrdruf comprend cinq Kommandos installés sur un très vaste terrain militaire. A partir du mois d'août 1944, les détenus sont employés à des travaux de terrassement en vue de l'installation souterraine, entre autre, de l'Etat-major Général de la Wehrmacht, de la réserve d'or de la Reichsbank, ainsi que d'une rampe de lancement d'armes secrètes. Au total, ils ont été près de 20000, se répartissant en trois camps principaux : Nordlager, Südlager et Crawinkel. Près de 10000 sont évacués vers Buchenwald.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Il décède

- le 11 mai 1944 à Buchenwald (Allemagne) selon l'état civil de Boulogne-sur-Mer et le JO N° 9 du 11 janvier 1995

- le 11 mai 1945 dans un lieu non connu avant le rapatriement selon le livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

La date de décès du 11 mai 1944 est forcément erronée puisqu'il a été déporté le 5 septembre 1944.

Son nom figure au Monument aux Morts de Boulogne-sur-Mer dans la colonne "Résistance F.F.I. 1939-1945".

Source de la photo ci-dessus: Mairie de Boulogne-sur-Mer. Remerciements.

"Mort en déportation" suivant l'arrêté du Ministère des Anciens Combattants en date du 10 novembre 1994 paru au Journal Officiel N°9 du 11 janvier 1995.

Sources:

- Archives Départementales du Pas-de-Calais 1 R 9502

- Archives du camp de Buchenwald transmises par l'Association Française Buchenwald Dora et Kommandos

- Archives de la famille

- Etat civil de Boulogne-sur-Mer (62) et d'Argenton-sur-Creuse (36)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- MemorialGenWeb  site Internet

- Registre matriculaire des 85000 transmis par l'Amicale de Langenstein

- Service Historique de la Défense 16 P 368143

- Service International de Recherches d’Arolsen 6480488

- Témoignage de Daniel Lots à la D.G.E.R. transmis par François Romon

- Témoignage et archives d'Emile Ravelinghien

©  AFMD de l'Allier