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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

MARCHELIDON Lucien Georges Emile



est né le 26 novembre 1919 au domicile de ses parents au N° 82, avenue de Néris à Montluçon (03). Son père Emile est employé au Chemin de Fer et sa mère Marie Louise MIGNÉ est sans profession.

Source de la photo: Archives Départementales d'Indre-et-Loire 1970 W 425.



Son père qui est communiste est interné à Nexon. Il en est libéré en mai 1942 et est muté dans le Midi.

Domicilié chez ses parents 82, rue de Néris-les-Bains à Montluçon il exerce le métier de coiffeur avant d'entrer comme miroitier  chez ANDRÉ.

Puis en février 1941 il travaille comme électricien à la Société C.R.E., boulevard Carnot à Montluçon.

Il est adhérent à la section de Montluçon de la C.G.T de 1937 à 1938.

Incorporé le 8 juin 1940 il est affecté au Dépôt d'Infanterie N° 133 à Montluçon. Il est démobilisé le 1er août 1940.

Le 2 août 1940 il entre au groupement N° 1 des Chantiers de Jeunesse en Forêt de Tronçais et en sort le 31 janvier 1941.

Pour sa participation à la manifestation en gare de Montluçon le 6 janvier 1943 il est condamné le 14 janvier 1943 par le Tribunal Correctionnel de Montluçon à 15 jours de prison pour «rebellion». Selon son témoignage, « Le 6 janvier 1943 j'ai accompagné plusieurs camarades qui étaient désignés pour partir en Allemagne au titre de la Relève. J'ai pris part à la manifestation et je me trouvais au premier rang lorsque la police opéra des arrestations. Je fus arrêté immédiatement et transféré au Commissariat Central de Montluçon. Dirigé sur la Maison d'Arrêt le 7 janvier».

Il purge sa peine à Montluçon et est transféré au Centre de Séjour Surveillé de Saint-Paul-d'Eyjeaux (87) où il arrive le 25 janvier.

Il est ramené au Camp Bignet à Montluçon pour être envoyé comme requis en Allemagne. Il s'évade pendant le transfert à Saint-Etienne et revient à Saint-Germain-des-Fossés où il est hébergé par la famille TERRET.

Il quitte le département de l'Allier pour l'Indre-et-Loire où il entre au réseau «Marie-Odile» qui est spécialisé dans la filière d'évasion, c'est-à-dire le passage en Zone Libre en particulier de pilotes alliés. Il est rejoint par son frère René qui échappe de peu à l'arrestation à Montluçon.

Il est arrêté le 15 février 1944 au Grand-Pressigny (37) par la Gestapo et est interné à la prison de Tours jusqu'au 16 mai 1944, date à laquelle il est transféré à Compiègne.

Le 4 juin 1944 il fait partie –ainsi que son frère René- des 2064 hommes déportés de Compiègne à Neuengamme où il arrive le 7 dans le convoi N° I.223.

Il reçoit le matricule N° 33771 et est transféré après la quarantaine à Sachsenhausen le 6 juillet.


Source du document ci-dessus : Service International de Recherches d’Arolsen  6566392.


Il est ré immatriculé: N° 84718 et est affecté avec son frère au kommando de Klinker.

Klinker : Kommando du KL Sachsenhausen. Ce commando est créé le 28 avril 1941 juste à côté du KL Sachsenhausen pour y installer une briqueterie. Mais de l’immense rectangle  de 850 mètres sur 500 tracé à l’origine, la briqueterie n’occupe que le quart. Par ailleurs,dès 1942,une moitié de l’usine est affectée à la fabrication de grenades de Panzerfaust. Le 10 avril 1945, un bombardement allié détruit entièrement l’usine et le Kommando.
Source : Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Son frère René décède le 16 décembre 1944 à Sachsenhausen.

Quant à lui, il est transféré à Buchenwald le 6 février 1945 où il reçoit un nouveau matricule, le N° 3932. On peut supposer qu'il s'agit du matricule d'un déporté décédé.

Il est libéré le 11 avril 1945 et son nom figure sur la liste des «Membres homologués de la Brigade française d'action libératrice» de Pierre Durand.

Le 9 novembre 1945 il épouse son amie Odette MÉTAIS à La Haye-Descartes (37).


Lui sont attribuées

- la Croix de Guerre 1939-1945

- la Légion d’Honneur (Officier)

- la Medal of Freedom.

- la King’s Medal. Voir l'article et la photo ci-dessous.


Un résistant de la Haye-Descartes reçoit une décoration britannique.
"Hier, dans le port de Nantes, une émouvante cérémonie s'est déroulée à bord du destroyer britannique Barrosa. M.Gawin Wild, consul de Grande-Bretagne, au nom de S.M. la reine dAngleterre, a remis la médaille du roi "pour actions de courage dans la cause de la liberté" à M.Lucien Marchelidon, héros de la résistance domicilié à la Haye-Descartes (I.-et-L.).
Devant un piquet de fusilliers marins, rendant les honneurs, M.Gawin Wild, après avoir lu la citation élogieuse de M.Marchelidon, lui épingla sur la poitrine la médaille qui consacrera désormais les services qu'il a rendus pendant la guerre à la nation amie.
Voici le texte de la citation:
"M.Marchelidon s'occupait de prime abord aux activités de résistance. Il fut arrêté le 6 janvier 1943 à Montluçon pour avoir empêché le départ pour l'Allemagne de groupes de travailleurs.
Après s'être libéré en mars 43, il s'occupa de l'évasion des alliés. De mars 1943 jusqu'au jour où il fut arrêté, le 16 février 1944, il aida à héberger, nourrir, habiller et faire évader 9 aviateurs alliés qui furent logés pendant des périodes allant de deux jours à six semaines.
Après sa deuxième arrestation, il passa par les camps de concentration de Neuengamme, Oranienburg et Buchenwald. Il fut libéré heureusement le 5 mai 1945.
Après la cérémonie, le récipiendaire fut invité à participer à l'inspection du détachement qui venait de lui rendre les honneurs  d'une façon toute britannique et toute émouvante. De très nombreuses personnalités assistaient à cette cérémonie qui fut suivie d'une réception".

Source des documents ci-dessus: Archives de la famille.

Selon le Service Historique de la Défense (GR 16 P 392263), il est homologué en tant que Résistant au titre des F.F.C. (Forces Françaises Combattantes) et des D.I.R. (Déportés et Internés de la Résistance).

La carte de Déporté Résistant N° N° 1.009.02991 est attribuée à Lucien MARCHELIDON sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 17 février 1951.

La carte de Déporté Résistant  N° 2.009.03385 est attribuée  à Odette MARCHELIDON sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 16 mars 1951.



Source: Archives Départementales d'Indre-et-Loire 1970 W 425.

Son épouse Odette née MÉTAIS le 25 février 1922 à La Haye-Descartes (37) est arrêtée elle aussi le 15 février 1944 au Grand-Pressigny (37) par la Gestapo pour son appartenance au réseau «Marie-Odile».

Elle est internée à la prison de Tours jusqu'au 30 mars 1944, date à laquelle elle est transférée au Fort de Romainville.

Le 18 avril 1944 elle est déportée de Paris gare de l'Est à Ravensbrück où elle arrive le 22 avril. Elle reçoit le matricule N° 35253 et est affectée au Kommando d'Holleischen où elle est libérée le 5 mai 1945.

Odile METAIS-MARCHELIDON reçoit en 2000 la Médaille de Juste parmi les Nations pour  avoir avec ses employeurs, la famille GOUPILLE, fait "passer la ligne de démarcation à plus de 2000 Juifs, résistants, pilotes, évadés". Source: AJPN.org Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie dans les communes de France

Lucien MARCHELIDON décède le 8 octobre 2006 au N° 2, boulevard Tonnellé à Tours (37) selon l'état civil de Joué-les-Tours (37). Son épouse Odette décède le 28 octobre 2006 à Millau (12).



Sources:

- AJPN.org Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie dans les communes de France

- Archives Départementales de l'Allier 1864 W 1, 996 W 63.01, 1218 W 2, 1 R 1939.1075.1023, 1289 W 7,

- Archives Départementales de la Haute-Vienne 185 W 3179, 993 W 301,

- Archives Départementales d'Indre-et-Loire 1970 W 420, 1970 W 425,

- Archives de la famille

- Association Française Buchenwald Dora et Kommandos

- Bidault Jean Notes sur le parcours de Lucien Marchelidon transmises par Robert Fallut

- Durand Pierre Les Français à Buchenwald et à Dora Editions Sociales 1977

- Etat civil de Montluçon (03) et de Joué-les-Tours (37)

- Fallut Robert Hoche 1939-1945 La Résistance du tract à la lutte armée en Allier

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémorial des Français et des Françaises à Neuengamme Amicale de Neuengamme

- Sachso Amicale d'Orianenburg-Sachsenhausen Pocket 2005

- Service Historique de la Défense (GR 16 P 392263)

- Service International de Recherches d’Arolsen  6566392

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