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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
  FALLUT Robert 

est né le 8 septembre 1920 au lieudit Fradonnière à Buxières-les-Mines (03). Son père Alphonse et sa mère Yvonne née BERTIN sont cultivateurs métayers au lieudit La Font Perret.

Il est cultivateur à la ferme du Sorbier  à Ygrande (03)  quand il s’engage pour la durée de la guerre le 8 décembre 1939 à l’Intendance Militaire de Roanne (42). Il est affecté au Bataillon N° 105 en tant qu’élève du Personnel Navigant. Il est nommé caporal le 5 mars 1940 et est transféré le 1er avril 1940 au Bataillon de l’Air N° 125. Il débarque à Alger le 24 mai 1940 et est affecté à l’Ecole Nouvion le 22 juillet 1940, puis à la Base Aérienne d’Oran le 5 décembre 1940 avant d’être muté le 22 février 1941 à la Base de Dépôt de Blida. Il y est démobilisé le 24 mars 1941.

Source de la photo : Archives de la famille.


Contacté par Emile PARNIÈRE et Victor CABANNE, il est chargé de distribuer des tracts.  En 1943 André LECOURT, responsable départemental des Jeunesses Communistes et des jeunes du Front National pour l’Indépendance de la France, lui demande d’organiser la Résistance à Ygrande avec Marc SAINT-DENIS afin de dissuader les requis du S.T.O. de partir travailler en Allemagne. Il ne suffit pas de dissuader ces jeunes gens des classes 1920-21-22, il faut aussi leur offrir une protection, une « planque » pour éviter leur arrestation.

Suite à l’arrestation des résistants de Lafeline le 22 janvier 1944  la Gestapo de Vichy procède à l’arrestation de plusieurs résistants dont Roger FORT avec qui Robert a été en contact. Par mesure de sécurité il quitte Ygrande  et part à Saint-Etienne (42) où il devient responsable des Forces Unies de la Jeunesse Patriotique de la Loire et de la Haute-Loire.

Il est arrêté le 7 avril 1944 par la police, interrogé au commissariat et interné à la Maison d’Arrêt de Saint-Etienne. Mis au secret, il est ensuite transféré à la prison Saint-Paul à Lyon sous la surveillance des G.M.R. (Groupes Mobiles de Réserve).



Le 29 juin il fait partie des 720 prisonniers livrés aux Allemands par les autorités françaises et  transférés en camion avec ses camarades à la gare. Ils sont déportés en wagons de voyageurs surveillés par des soldats de la Wehrmacht qui rentrent chez eux. En effet, depuis le Débarquement en Normandie le 6 juin 1944, les Allemands commencent à rapatrier des troupes, mais ils ne partent pas les mains vides, ils puisent dans  les prisons  en France pour alimenter les camps de concentration en main-d’œuvre.

Il arrive à Dachau le 2 juillet dans le convoi N° I.234 et reçoit le matricule N° 76076.


Source du document ci-dessus: Service International de Recherche d'Arolsen 1.1.6.2 / 10037365.

" A l’arrivée à Dachau au lever du jour nous sommes projetés dans un autre monde : les coups, les cris des Kapos, les aboiements des chiens, puis l’entrée dans le camp en colonnes par cinq, la perte de mon nom pour le numéro 76076. Tondu habillé de vêtements qui ont déjà servi avec aux pieds des claquettes. Au Block 19 je vais connaître l’entassement, lits à 3 étages, 3 déportés sur 70cm, la faim, les coups".

Après la quarantaine au bout d’un mois environ  Robert est transféré  au Kommando de Kempten qui est situé dans le sud-ouest de la Bavière.

Robert FALLUT est affecté d’abord au Kommando de la Terrasse. Armés de pelles et de pioches les déportés  doivent  déblayer les dégâts dûs aux bombardements. Il reçoit un coup sur la tête et se retrouve à l’infirmerie. A sa sortie il est affecté au Kommando des Casernes. Il  fait 3 km à l’aller et autant au retour pour se rendre sur le lieu de travail. Robert s’insurgeait à chaque fois qu’il évoquait ce trajet.

 Source du document ci-contre: Service International de Recherche d'Arolsen   1.1.6.7 / 98181741.
En effet beaucoup de civils allemands après la guerre ont prétendu qu’ils ne savaient pas ce qui se passait. Au cours de ce trajet de 3 kilomètres ils traversaient un village en tenue rayée et les gamins leur jetaient des pierres.

Le 16 avril 1945 a lieu le bombardement par les Américains en haute altitude et par les  Canadiens en rase-motte qui va durer de 16 heures jusqu’à la nuit.

Fin avril Robert FALLUT fait partie de l’évacuation vers l’Autriche en tirant avec 5 camarades  une lourde remorque chargée des affaires des SS. Puis un soir les SS s’enfuient. Il est libéré par l'armée américaine.

Dernière humiliation pour Robert FALLUT dans le train qui le ramène à Paris le 2 mai 1945, les wagons de voyageurs sont occupés par des travailleurs volontaires ou des requis tandis que lui, le déporté en tenue rayée, il est rapatrié  dans un wagon à bestiaux.

Le 15 février 1947 il épouse Suzanne DUMONT à Buxières-les-Mines. Ils ont deux filles, Monique et Michèle.

En 1967 il est opéré du cerveau suite au coup reçu en déportation et retrouve une vie à peu près normale à l’exception des cauchemars récurrents qui affectent tous les déportés dans leur sommeil.



Il va consacrer sa vie à la mémoire de la Résistance et de la Déportation.

 En 1946 il adhère à la FNDIRP : Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes. Il en sera le président départemental de l'Allier en 1991. Membre de l’ARAC, de l’ANACR et de la FNDIRP, il va témoigner dans les établissements scolaires. Il est membre du Jury du Concours de la Résistance et de la Déportation de l'Allier.

Il œuvre pour que la place devant la Mal-Coiffée à Moulins soit dénommée Place de la Déportation, pour que le Collège de Tronget porte le nom de Charlotte Delbo et pour que soit créée l’Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l’Allier dont il est le vice-président.

Source du document ci-contre: Archives de l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de l'Allier.



La carte de Déporté Politique N° 1.163.0358 lui est attribuée le 4 décembre 1954, celle de Déporté Résistant N° 1.011.38191 sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 21 décembre 1993.

Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 215478), il est homologué en tant que Résistant au titre des D.I.R. (Déportés et Internés de la Résistance).



Source des documents ci-dessus: Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand.

Il est décoré de la Médaille Militaire par décret du 4 septembre 1995 an tant qu'ancien Sergent de la Résistance, Déporté-Résistant.

Robert FALLUT est l’auteur  de 2 livres sur la Résistance dans l’Allier : "Faits divers 1939-1945 dans le canton de Bourbon-l’Archambault" et "
1939-1945 La Résistance du tract à la lutte armée en Allier Maquis Hoche".


Il est nommé Chevalier de la Légion d'Honneur par décret du 13 juillet 1999.

Il décède le 14 octobre 2013 à Moulins (03) et est inhumé le 18 octobre au cimetière de Buxières-les-Mines. Hommage lui est rendu le même jour à la Salle Polyvalente de Buxières-les-Mines.

Sources :

- Archives Départementales de l’Allier  1 R 1940.1083.2857,

- Archives du camp de Dachau sur Ancestry.com  et JewishGen.org

- Archives de la famille

- Archives de l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de l'Allier

- Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand

- Etat civil de Buxières-les-Mines (03)

- Fallut Robert  Faits divers 1939-1945 dans le canton de Bourbon -l’Archambault Imprimerie Guériaud mars 2003

- Fallut Robert 1939-1945 La Résistance du tract à la lutte armée en Allier Maquis Hoche Imprimerie Guériaud Mai 2008

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation  Editions Tirésias 2004

- Office Départemental des Anciens Combattants de l’Allier

- Mémorial annuaire des Déportés de Dachau  Amicale des Anciens de Dachau 1987

- Sérézat André Biographie de Robert Fallut

- Service Historique de la Défense Dossier GR 16 P 215478

- Service International de Recherche d'Arolsen 1.1.6.2 / 10037365, 1.1.6.7 / 98181741,
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