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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

SERNAS  Jacques dit CHARNASSE

Nous sommes à la recherche d'une autre photo et d'une copie de sa carte de déporté. Nous contacter:

afmddelallier@orange.fr

est né le 30 juillet 1925 à Kaunas  (Lituanie).  Il est le fils de Jacob et de Vera née SCORBNAYA/FEINBERGASSE.. 

Sa mère veuve épouse le Docteur Nicolas GOLDENSTEIN en secondes noces le 3 octobre 1931 à Vichy (03).

Selon les Archives Nationales de Fontainebleau, il est naturalisé Français suite au décret du 9 mars 1939 paru au Journal Officiel sous la référence 3627-39.

Source de la photo ci-contre: Service International de la Recherche d'Arolsen 1.1.5.3 / 7097240.



Il réside alors au N° 26, rue Pétillat à Vichy (03) chez son beau-père,  le docteur GOLDENSTEIN.

Elève au lycée de Cusset, il participe à l'attentat  contre le P.P.F. (Parti Populaire Français). Le Mouvement Populaire Français est le représentant en Zone Libre du P.P.F. dont le siège se trouve au N° 8, rue Larbaud à Vichy.

P.P.F.  Le  Parti Populaire Français est un parti collaborationniste créé en 1936 par Jacques Doriot, ex député communiste passé au fascisme. Il fonde le 18 juillet 1941 la Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme et intrigue pour parvenir au pouvoir avec l'aide des Allemands.

Soupçonné d’avoir participé à cet attentat, il est envoyé à l’Hôtel du Centre  à Ussel en résidence surveillée en compagnie de sa mère, car il est mineur,  et ce jusqu’en décembre 1942.

Le 3 septembre 1942, René BOUSQUET, Conseiller d'Etat Secrétaire d'Etat à la Police, envoie au Préfet de l'Allier deux arrêtés:
(1) interdisant à Jacques SERNAS et à sa mère Véra de " résider ou de paraître sur le territoire de l'agglomération de Vichy, Cusset et Bellerive".
(2) astreignant "les intéressés à résider sur le territoire de la commune d'Ussel (Corrèze)".

A Ussel  il participe à la Résistance, il transporte des fonds destinés aux maquis.

Source du document ci-contre : Archives Départementales de l'Allier 996 W Mesures administratives privatives de liberté.




Début janvier 1943 il est arrêté à Paris  gare de Lyon alors qu’il tente de prendre le train pour passer en Espagne. De là il espèrait rejoindre les Forces Françaises Libres du Général De Gaulle.

« Prévenu d’abandon de résidence assignée », il est condamné le 27 octobre 1943 par  le Tribunal Correctionnel d’Aurillac (15) à 2 mois de prison avec sursis. 

Le 14 décembre 1943 il est "astreint à résider au Centre de Séjour Surveillé de Fort-Barraux"  par René BOUSQUET, secrétaire général à la Police.

Il est condamné le 19 mai 1944 par le Tribunal Correctionnel de Cusset à 3 mois pour « trafic d’or, abus de confiance et recel » . Il s'agit en fait d'or destiné au maquis, mais il ne peut évidemment pas en faire état.

Il est arrêté à Vichy (03) le 21 mai 1944 et  est transféré au Centre de Séjour Surveillé de  Fort-Barraux (38) par les G.M.R. de Vichy.

Fort-Barraux: A Fort-Barraux (Isère), qui fut d'abord un centre de séjour surveillé pour "politiques" dès la défaite et n'accueillit plus que des droits-communs à partir de novembre 1942, les effectifs grimpèrent à près de 850 au début de 1941, puis retombèrent à 250 en juin 1942. Ensuite, dans la deuxième phase, les effectifs repartirent à la hausse jusqu'à 850 au printemps 1943, avant de décroître à nouveau.
Source: Denis Peschanski La France des camps L' internement 1938-1946  Gallimard 2002.


Suite au Débarquement le 6 juin 1944 et face à l'avance des troupes alliées, les Allemands se replient, emmenant avec eux les prisonniers détenus dans les prisons pour une double raison:  alimenter en main-d'œuvre l'économie du Reich allemand et bien sûr éviter qu'ils ne rejoignent les rangs de la Résistance.

Le 22 juin 1944 il est déporté de Grenoble à Buchenwald où il arrive le 3 juillet dans le convoi N° I.231.


Source du document ci-dessus: Service International de la Recherche d'Arolsen 1.1.5.3 / 7097240.
Il y reçoit le matricule N° 60614. Après la quarantaine, il reste au camp central de Buchenwald.


KL BUCHENWALD: Le camp de Buchenwald , situé à une dizaine de kilomètres de la ville de Weimar, est créé en 1937. Avec le déclenchement de la guerre en 1939 et à mesure des avancées de la Wehrmacht, la population concentrationnaire s'internationalise.

De 1943 à la fin de 1944 voire au tout début de 1945, le camp devient un vivier de main d'œuvre corvéable à merci et renouvelable à volonté pour la production de guerre. Le développement des Kommandos s'amplifie. Des usines sont installées dans l'enceinte du camp.

En tout, Buchenwald comptera 136 Kommandos. Après huit années d'existence au cours desquelles périrent environ 56000 détenus et où 238980 ont pu être recensés, le camp de Buchenwald est libéré le 11 avril 1945.

Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.


Selon une attestation du Colonel MANHÈS, il participe à la libération du camp. Il y est libéré le 11 avril 1945.

Il est rapatrié par Saint-Avold (57) le 8 mai 1945 et passe par l'Hôtel Lutétia.

Source des documents ci-dessus: AFMD75.

Le 25 septembre 1945, M.ALBAN, président du Comité Régional de Libération, ex-chef Régional M.U.R et F.F.I., "certifie que Monsieur Jacques SERNAS, étudiant, a appartenu à la résistance dès 1942 et a pris une part active dans les services N.A.P. Police et Faux Papiers. Il a été arrêté par la Gestapo à Vichy au début de 44 et déporté en Allemagne.
Jeune militant courageux et dévoué qui n'a pas hésité à interrompre ses études pour participer à la lutte contre l'ennemi".

Jacques SERNAS deviendra une vedette internationale du cinéma en Italie.

Il décède à Rome (Italie) le 2 juillet 2015.

Sources :

- Archives Départementales de l'Allier  762 W 54, 996 W Mesures administratives privatives de liberté,

- Archives Départementales du Cantal 3 U.1/1040,

- Archives Départementales de l’Isère 15 W 222, 17 W 131, 17 W 137,

- Archives Départementales du Puy-de-Dôme  908 W 168

- Archives Nationales de Fontainebleau 3627-39

- Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains

- Etat civil de Rome (Italie)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémorial Buchenwald Dora Kommandos Association Française Buchenwald Dora et Kommandos

- Peschanski La France des camps l' internement 1938-1946  Gallimard 2002

- Rougeron Georges Quand Vichy était capitale  Editions Horvath  1983

- Service International de la Recherche d'Arolsen   1.1.5.1 / 5364174,  1.1.5.3 / 7097237  1.1.5.3 / 7097240 ,  

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