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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

GÉLIS née CRUCHON Marguerite Alphonsine

Archives de la famille

est née le 12 février 1902 au bourg de Saint-Aubin-des-Préaux (50) au domicile de son grand-père maternel Alphonse HUBERT, cultivateur. Son père Michel CRUCHON est ébéniste et sa mère Julia née HUBERT est couturière. Les parents sont domiciliés 24, Boulevard Ornano à Paris (18ème).

Le 28 mai 1924 elle épouse Raymond CLOUET à Granville (50).

Son premier mariage ayant été dissous,  elle épouse un journaliste, Gaston GÉLIS, le 30 juin 1934 à Paris (9ème).


Source de la photo: Archives de la famille.

 

Domiciliée à Vichy (03) au N°20, rue de Cronstadt, elle est la correspondante du journal suisse La Feuille d'Avis de Neufchâtel. Elle fait aussi de la résistance comme agent de liaison au réseau "Super-NAP" dont son mari Gaston fait partie.

NAP et SuperNAP: Créé par 2 résistants lyonnais de Combat le NAP (alors appelé Noyautage Administratif et Professionnel) fut généralisé à l’ensemble de la région, puis à l’ensemble de la France par Claude BOURDET avec l’accord de Jean MOULIN. Le NAP devint Noyautage des Administrations Publiques (services locaux des préfectures, de la police, du ravitaillement, de l’électricité, des PTT et de la SNCF). Parallèlement fut créé par Libération-Sud un réseau dont la fonction était de noyauter les ministères à Paris et à Vichy. Ce réseau s’appela Super-NAP. NAP et Super-NAP fusionneront en 1944. A Vichy Super-NAP fut dirigé par Maurice NÈGRE, fonctionnaire des Affaires étrangères, puis par Bernard de CHALVRON.
Ce service de documentation clandestin, appareil élaboré et compartimenté, permit de saper les projets de l’occupant nazi et du gouvernement de Pétain.
Source : Dictionnaire Historique de la Résistance sous la direction de François Marcot.


Elle est arrêtée par la Gestapo le 27 octobre 1943 à Vichy et inculpée «d'intelligence avec l'ennemi et (…) de sabotage systématique de la politique de collaboration franco-allemande». Elle est gardée au secret absolu dans les locaux de la Gestapo pendant trois semaines avant d'être transférée à la Mal-Coiffée, prison militaire allemande à Moulins. Puis le 23 janvier c'est le départ pour Compiègne, antichambre de la déportation.

Le 31 janvier 1944 elle fait partie des 959 femmes déportées de Compiègne à Ravensbrück où elle arrive le 3 février dans le convoi N° I.175.  Elle reçoit le matricule N° 27415. Dans l'attente d'un envoi dans un Kommando, les détenues ont un emploi du temps très chargé:

«En voici un emploi du temps standard, gifles et gourdin non compris, bien entendu :

Lever : 3 heures 30.

Appel : 4 heures, durée 3 heures = 180',

Départ pour la corvée : 7 heures,

Soupe type jockey : midi : menu rutabaga,

Re corvée : 13 heures,

Retour au camp : 18 heures 30,

19 heures : seconde soupe, la plupart du temps au millet, genre canari,

Extinction des feux : 21 heures,

Toute la nuit : vermine.»

Source: Conférence donnée par Marguerite GÉLIS le 5 juin 1945 à la salle Pleyel à Paris.

Pour occuper les détenues il existe différentes corvées: corvée de sable, «corvée… de merde», etc.

Après la quarantaine elle est transférée en avril 1944 au Kommando d'Holleischen dans la forêt sudète où elle reçoit un nouveau matricule, le N° 50432.

 
Holleischen: Kommando du KL Flossenbürg situé dans les Sudètes. Les femmes déportées y travaillent pour l'usine de munitions Skoda.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

 
«Dans ce joli pays, nous avons travaillé comme des brutes, dans une usine de munitions, douze heures d'affilée, une semaine de jour, une semaine de nuit. Douze heures debout, devant un établi à presser la poudre dans des douilles d'obus d'aviation».Source: Conférence citée ci-dessus.

Elle est libérée par les partisans tchécoslovaques et polonais le 5 mai 1945 à Holleischen.

Un mois après son retour elle va apporter son témoignage sur la Déportation au cours d'une conférence en compagnie du Général de JUSSIEU et du Révérend Père LELOIR.

Source de la photo ci-contre: Archives de la famille.

Source du document ci-dessus: Archives de la famille.

Attestation de Maurice NÈGRE en date du 9 décembre 1953:
"Je soussigné Maurice NEGRE, chef national du réseau SUPERNAP (réseau homologué aux F.F.C par décision du 27 août 1946), chef de mission de 1ère classe , lieutenant-colonel par assimilation, (...) déclare avoir eu sous mes ordres en qualité d'agent P 2 Madame Marguerite GELIS née CRUCHON.
Entrée au Réseau le 25 juillet 1943 et affectée à la recherche du renseignement dans les milieux politiques et diplomatiques où elle avait accès en sa qualité de correspondante accréditée du journal suisse ""La Feuille d'Avis de Neufchatel"", Madame Marguerite GELIS a été arrêtée par la Gestapo le 27 octobre 1943 à 11 heures du matin alors qu'elle se rendait à l'Hôtel de la Paix où elle rencontrait quotidiennement un responsable du réseau à qui elle remettait les informations recueilles."

Source du document ci-contre: Archives de la famille.
Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 245591), elle est homologuée en tant que Résistante au titre des F.F.C. (Forces Françaises Combattantes)  et des D.I.R. (Déportés et Internés de la Résistance).

La carte de Déporté Résistant N° 2.001.22048 lui est attribuée sur décision du Ministère  des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 26 avril 1954 et celle du Combattant le 11 octobre de la même année.


Source des documents ci-dessus: Archives de la famille.


Elle décède le 14 octobre 1991 à Episy , village de Seine-et-Marne, dont elle a été maire pendant 24 ans .
 
 

Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 1864 W 1, 1289 W 51,

- Archives de la famille

- Dictionnaire Historique de la Résistance sous la direction de François Marcot Editions Robert Laffont 2006

- Etat civil de Saint-Aubin-des-Préaux (50), de Granville (50) et de Paris (9ème)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 245591)


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