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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

FENSTER Hélène

Archives de la famille

est née le 26 décembre 1922 à Kalisz/Haliez (Pologne).

Elle est la fille de Moïse et de  Claire Fanny née VERKAUF.

Son père décède le 5 octobre 1936 à Strasbourg (67).

La famille - Fanny, sa grand-mère maternelle Sara, Hélène et Israël- quitte en juillet 1939 leur domicile 4, Grande Rue à Strasbourg (67) pour se réfugier à Vichy (03). Ils s'installent 5, rue de Provence où Claire ouvre un commerce de bonneterie.

Source de la photo ci-contre: Archives de la famille.



Elle est naturalisée Française en tant que fille mineure de Moïse  suite au décret paru au Journal Officiel de la République Française en date du 7 avril 1929 page 4158.

 

Source du document ci-dessus: Bibliothèque Nationale de France sur site Internet Gallica.


La famille FENSTER se fait recenser comme Juifs français à Vichy conformément à la loi antisémite du 2 juin 1941 de l'Etat Français.

Source: Archives Départementales de l'Allier 756 W 1.

 

Employée de bureau elle travaille comme sténodactylo à la comptabilité des Messageries Hachette repliées de Paris.

Sa grand-mère Sara VERKAUF née GOTTESMANN décède au 5, rue de Provence à Vichy le 16 novembre 1943, soit 9 jours  avant le jour fatidique.

Elle est à son travail ce jeudi 25 novembre 1943. Hélène raconte:

« Vers 17 heures il se propage une nouvelle: il y a eu une rafle dans le magasin situé à l'angle du Boulevard Carnot, grossiste en bonneterie où ma mère avait l'habitude de s'approvisionner. Je quitte mon travail précipitamment et me rends à la maison où j'aurais dû trouver ma mère et mon frère. Il devient évident que ma mère et mon frère se trouvaient dans la rafle et que je ne dois en aucun cas rester à la maison. Néanmoins je rentre dans l'appartement et rassemble dans la hâte quelques objets!

Me voilà dans la rue avec environ 20 francs en poche, ne sachant où aller!»


Elle va passer quelques jours de ci de là chez des amis sûrs avant de retrouver un emploi aux Messageries Hachette à Clermont-Ferrand (63). Elle trouve à se loger dans une chambre au 14, rue Morel Ladeuil.

Elle est arrêtée le 22 juin 1944:

«Ce 22 juin 1944 (…) je me trouve à mon lieu de travail: Messageries Hachette rue de la Tour Fondue près de la Place de Jaude à Clermont-Ferrand. C'est une pièce au rez-de-chaussée où se trouvent environ une vingtaine de bureaux, je suis assise au 2ème rang… Deux hommes en civil se présentent: vérification de papiers d'identité. Quand ils arrivent à moi, ils disent en allemand:«C'est elle! Nous l'avons!».

Source du document ci-contre: Mémorial de la Shoah CF156_6462.

Elle est internée à la prison du 92ème Régiment d'Infanterie à Clermont-Ferrand, puis elle est transférée le 15 juillet en train à Paris et de là en car jusqu'à Drancy où elle reçoit le matricule N° 25129.

Le 31 juillet elle fait partie des 1300 personnes  déportées de Drancy à Auschwitz dans le convoi N° 77.

Dans Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, Serge Klarsfeld écrit à propos du convoi N° 77: " Le nombre des déportés était de 1300. Ce convoi 77 (...) entraîne vers les chambres à gaz d'Auschwitz plus de 300 enfants de moins de 18 ans. (...) 291 hommes furent sélectionnés avec les matricules B 3673 à B 3963; de même pour 283 femmes (A 16457 à A 16739). Il y avait en 1945 209 survivants dont 141 femmes".

Hélène FENSTER  écrit «Le voyage dure 4 jours, 3 nuits: pas de place pour s'allonger, la tinette située au milieu du wagon est très rapidement pleine et déborde!! Elle est vidée une fois par jour.

Arrivée le 3 août 1944 le soir vers minuit à Birkenau.

Le train s'arrête, on ouvre les portes du wagon à bestiaux, aux cris «Raus! Laissez vos affaires!», répétés jusqu'à ce que le dernier voyageur soit descendu. Nous sommes hébétés. Où sommes-nous?

Pour moi très vite c'est le gouffre. Il fait noir, au loin des fils de fer barbelés, des lumières, des projecteurs braqués sur nous, on ne discerne rien, des cris, des bousculades. Je ne connais personne. Où suis-je? Tout à coup je me retrouve dans une colonne épaisse, une marée humaine, des femmes uniquement, entourée par les S.S. allemands et des hommes costauds, en habits rayés, hurlant, nous faisant avancer vers le «comité d'accueil»: Mengele et ses aides S.S. Tout va très vite: à gauche, à droite et on avance dans le gouffre.»

Elle fait partie des 283 femmes sélectionnées pour le travail, déshabillées, rasées, douchées, tatouées le 3ème jour. Pour Hélène ce sera le matricule A.16711.

Elle va passer trois mois à Birkenau: lever à 4 ou 5 heures le matin, appels en rang par 5, corvées, sélections.

« Le moral sera relativement bon pour plusieurs raisons: nous sommes arrivées à Birkenau après le débarquement des Alliés en Normandie (6 juin 1944); de plus on entend les canons! Les Russes sont à 40 km, les nouvelles nous parviennent par les Kommandos extérieurs, les fausses nouvelles aussi!!

Le physique pas trop délabré au début (…), mais petit à petit la faim nous torture, impossible de garder un bout de pain pour le lendemain, la faim creuse, et aussi le risque qu'il soit volé pendant la nuit».

Le 27 octobre après une dernière sélection devant MENGELE c'est le départ pour le camp de Gross Rosen. Au bout de trois jours c'est l'arrivée au Kommando de Kratsau situé dans les Sudètes en Tchécoslovaquie. Au début elle effectue des corvées dans la cour, puis travaille dans l'usine de munitions par équipes, une semaine de jour, une semaine de nuit.

«L'enfer de Kratzau a duré 7 mois.

Enfin dans la matinée du 9 mai 1945 (un jour après la signature de l'armistice), les soldats russes nous ouvrent les portes et les grilles du camp. Et voilà environ 1000 femmes livrées à elles-mêmes. Pas de gardiens SS ni de soldats russes, mais des femmes affamées, ivres de joie et de liberté».

Le retour va durer 15 jours avant d'arriver en France à Sarreguemines le 27 mai 1945.

A Paris elle est hébergée par la famille SPRUNG qu'elle avait rencontrée à Vichy.

Au bout de deux mois elle rouvre le magasin de sa mère qui n'est pas rentrée de déportation. Son frère non plus.
 
 
Son nom figure sur la liste des rescapés du transport 77 du 31.7.1944.

Source du document ci-dessus: Klarsfeld Serge Mémorial de la Déportation des Juifs de France  1978.

La carte de Déporté Politique lui est attribuée sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 11 mai 1953.

DIAC Clermont-Ferrand

Source du document ci-dessus: Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand.

 
Le 5 janvier 1946 elle est commerçante domiciliée 2, boulevard Carnot à Vichy quand elle épouse Gabriel RAMET à Paris (11ème).
 
 

Né le 24 septembre 1920 à Varsovie (Pologne) de Lejbus RAMET et d'Estera née KAFTAL, Gabriel Mendel RAMET est arrêté le 20 août 1941 à Paris. Il va rester pendant 22 mois à Drancy avant d'être déporté le 23 juin 1943 à Auschwitz dans le convoi N°55. Sélectionné pour le travail avec le matricule N° 126147 il est transféré aux mines de charbon de Jawischowitz, puis retour à Monowitz. Il participe à l'évacuation en janvier 1945 vers Gleiwitz. Il arrive finalement au Tunnel de Dora où il travaille sur les V 1, puis est évacué sur Bergen Belsen où il est libéré fin avril.

                                                           Source du document ci-dessus: Archives de la famille.

La carte de Déporté Politique N° 1.163.0146 lui est attribuée sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du  26 juin 1953.

Source du document ci-dessus: Direction Interdépartementale des Anciens Combattants du Puy-de-Dôme.

Gabriel RAMET décède le 4 février 1995.

Hélène RAMET née FENSTER décède le 8 mars 2007 à Vichy (03).

 
 

Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 756 W 1, 996 W 194.01,  1289 W 91, 1799 W 138,

- Archives de la famille

- Bibliothèque Nationale de France sur site Internet Gallica.

- Centre de Documentation Juive Contemporaine

- Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand

- Etat civil de Paris (11ème)

- Klarsfeld Serge Liste des transferts à Drancy

- Klarsfeld Serge Mémorial de la Déportation des Juifs de France  1978

- Témoignage de Madame Hélène RAMET née FENSTER transmis par son fils Richard

 
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