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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 
LOUIS Georges Albert
 
 
DIAC Clermont-Ferrand
Georges Albert LOUIS que ses amis surnommaient affectueusement Bébert est né au domicile de ses parents au bourg de Bellerive-sur-Allier le 21 décembre 1921.
 
Son père Jean-Baptiste est employé de chemin de fer et sa mère Germaine née LABRICHE est sans profession.
 
Photo: Archives de la famille.
 
 
Après avoir travaillé en usine, il part aux Chantiers de Jeunesse. Voir photo ci-contre. Archives de la famille.

Il décide –après l'instauration du Service du Travail Obligatoire le 16 février 1943-  de partir pour Clermont-Ferrand pour échapper au STO et à la police française qui fait le sale boulot pour les Nazis. Muni de faux papiers d'identité, il arrive à trouver un emploi comme chaudronnier à Clermont-Ferrand et loge dans un petit hôtel avec un copain, Roger BACHOLIER.

De temps en temps il donne un coup de main à un cousin de Riom qui appartient aux MUR (Mouvements Unis de Résistance) et qui ravitaille le maquis de Manzat.

Source de la photo ci-contre: Archives de la famille.

Archives de la famille

Mais c'est sans aucun lien avec cette activité et par un hasard malheureux qu'il est arrêté par la Gestapo le 5 mai 1944 dans ce petit hôtel. La Gestapo a arrêté les propriétaires pour faits de résistance, mais a laissé – selon le scénario habituel- un des leurs au cas où quelqu'un se présenterait. Albert tombe dans la souricière en venant chercher ses affaires. Ses papiers d'identité qui sont faux sont contrôlés.

Il est alors transféré au siège de la Gestapo avenue de Royat où il est interrogé par le traître Georges MATHIEU, puis interné au 92ème à Riom. Le 18 mai il part en train avec 50 autres prisonniers, menottés deux par deux, à Compiègne.

Le dimanche 4 juin 1944, ce sont 2064 hommes qui partent de Compiègne sous une forte chaleur et sans eau vers Neuengamme où ils arrivent le 7 juin dans le convoi N° I.223 et découvrent l'univers concentrationnaire: les vociférations, les triangles verts qui les font descendre du train à coups de trique. Au bout d'un mois qui est employé à divers travaux de terrassement, la moitié du convoi est transférée à Sachsenhausen où Albert reçoit le matricule 84691. Puis nouveau transfert au kommando de Falkensee.
 
Falkensee: Kommando du KL Sachsenhausen.La création de ce Kommando est décidée en janvier 1943 pour fournir de la main-d'œuvre aux usines Demag, appartenant au groupe Hermann-Göring et fabriquant à Falkensee, à 25 km de Berlin, du matériel ferroviaire, des chars de combat "Tigre", des obus, des pièces détachées d'armement. Des Français participent à la création du Kommando, et ils sont d'abord installés à Staaken, dans un camp désaffecté de travailleurs civils. Le 10 juillet 1943, l'installation définitive à Falkensee a lieu. Les déportés encore présents en 1945 sont libérés sur place.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Il s'agit d' une usine d'armement du groupe Hermann-Göering avec la colonne de jour et la colonne de nuit, 12 heures de travail sur des carcasses de chars de combat «Tigre». 

Mais le moral est resté bon, car, de son propre aveu, ce kommando est moins pire que d'autres. Et puis les nouvelles, vraies ou fausses, circulent: le débarquement a eu lieu, ils pensent être de retour pour les vendanges, puis pour Noël. Cela entretient l'espoir. L'hiver passe. Et un matin au début du mois d'avril, ils se lèvent et tous les SS ont disparu des miradors, de la porte d'entrée. Seuls restent quelques kapos qu'ils enferment et ils partent à pied et croisent des trains avec des wagons plateformes sur lesquels s'entassent des civils allemands et ils sont les témoins à leur tour de l'exode de la population allemande. 

Le 28 avril ils rencontrent l'armée russe qu'ils suivent en direction de Berlin dont ils verront les décombres et où ils assisteront au défilé de l'Armée Rouge au mois de mai.

Après différentes péripéties Albert rentre en France en train via la Hollande et la Belgique et le 4 juin – un an jour pour jour de son départ de Compiègne- à deux heures du matin il retrouve ses parents en gare de Vichy.

Après six mois de convalescence Albert reprend son travail à l'usine avec amertume et déception: on lui a volé sa jeunesse, les améliorations qu'il espérait ne se sont pas produites, les collaborateurs qui ont «échappé «à la justice et la guerre en Indochine".

Et puis Albert a milité à la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes), membre du bureau, secrétaire adjoint, trésorier de la section de Vichy-Cusset-Bellerive-sur-Allier. Il a milité avec gentillesse, modestie, honnêteté et dévouement avec sa jovialité et son optimisme retrouvés.
 
 
Il adhère à l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de l'Allier.

La carte de Déporté Politique N° 1.111.0312 lui est attribuée sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 14 novembre 1952.


Source du document de gauche ci-dessus: Archives de l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de l'Allier.

Source du document de droite ci-dessus: Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand.

Le 6 mars 1971 il épouse Germaine SOREL à Cusset (03).

Il décède le 14 août 2005 à Bellerive-sur-Allier.

LOUIS Germaine née SOREL

Germaine Pauline Julienne SOREL est née le 24 juin 1923 au domicile de ses parents au lieu dit La Bresnerie à Vindefontaine (50). Son père Albert est journalier et sa mère Virginie née NOBLET est sans profession.

Elle est arrêtée  à Carentan (Manche) le 3 mai 1943 par la Feldgendarmerie, c’est-à-dire la police militaire allemande, pour avoir insulté et giflé un soldat allemand ivre qui l’importunait dans la rue.

Source de la photo: Archives de la famille.

Elle est condamnée à 6 mois de prison sans jugement. Elle est internée à la prison de Saint-Lo pendant un mois, puis est transférée à Troyes dans l’Aube. Le 16 novembre elle arrive à Compiègne, l’antichambre de la déportation.

Le 31 janvier 1944 elle fait partie des 959 femmes déportées dans le convoi  référencé sous le numéro I.175 dans le livre-mémorial de la déportation. Selon ce document ces femmes parties de Compiègne le 31 janvier sont arrivées  au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück le 3 février. Ces femmes sont donc restées 4 jours dans des wagons à bestiaux. A Ravensbrück  Germaine reçoit le matricule N° 27282. Elle y passe la quarantaine à faire du terrassement et à pousser des wagonnets.

Puis en avril 1944  sur les 959 femmes 134 dont Germaine sont  envoyées en Tchécoslovaquie au Kommando de Holleischen qui dépend du camp de concentration de Flossenbürg où elle reçoit un nouveau matricule, le N° 50364.

Le kommando d’Holleischen est une ancienne ferme aménagée en camp qui abrite une fabrique des munitions. Cette usine est cachée dans une forêt de sapins à quelque distance du camp. Les déportées y travaillent jour et nuit par équipes alternées de 12 heures. Elles doivent travailler dans la poudrerie  des usines Skoda à la fabrication de munitions anti-aériennes.

Au printemps 1945 les bombardements s’intensifient, les voies ferrées sont coupées, l’usine est détruite. Les S.S. doivent faire sauter le camp, mais le 5 mai les maquisards tchèques et polonais arrivent à temps pour libérer les détenues.

Germaine rentre à Paris par le train le 19 mai 1945 et quand elle arrive à Angoville (Manche), elle voit que sa maison a été détruite et qu’il y a des tombes de chaque côté.

La carte de Déporté Politique N° 2.111.33225 lui est attribuée le 16 juin 1969 sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre.



Germaine a toujours été une adhérente fidèle et a toujours milité pour la mémoire de la Déportation, que ce soit à la FNDIRP ou à l’AFMD de l’Allier. Elle  a été la présidente de la section Vichy-Cusset- Bellerive-sur-Allier jusqu’à son décès. Elle a aussi milité à l’ANACR.

La Légion d’Honneur lui a été attribuée en mars 1999 avec le grade de Chevalier.

Elle décède à Bellerive-sur-Allier le 30 juin 2020.


 

Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 1864 W 1

- Archives de la famille

- Archives de l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de l'Allier

- Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand

- Etat civil de Bellerive-sur-Allier (03) et de Vindefontaine (50)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémorial des Français Déportés à Neuengamme  Amicale de Neuengamme

- Témoignage d'Albert Louis pour l'AFMD de l'Allier
 
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