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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 
CHAMBON Charles Louis

Nous sommes à la recherche d'une copie de sa carte de Déporté. Nous contacter: afmddelallier@orange.fr
 

est né le 5 février 1905 au domicile de ses parents au Petit Jard à Vert-Saint-Denis (77). Son père Louis et sa mère Victorine sont cultivateurs.

Le 10 juillet 1926 il épouse Juliette LAURIN à Melun (Seine-et-Marne).

Contremaître aux Chemins de Fer à la gare de Moulins (03) il est domicilié 3, rue Denis Papin à Moulins. Il appartient à l'Union Locale CGT-Moulins avant 1939.

Photo transmise par l'Association Départementale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes  de la Nièvre. Remerciements.

 

Il fait partie de deux organisations de résistance "Turma-Vengeance" et "Résistance-Fer", dont il est le chef de groupe de sabotage pour la Région Sud-Est.

Il est arrêté en compagnie de deux amis de la Résistance du Puy-de-Dôme le 15 janvier 1944 à Paris par la Gestapo et torturé.

Le 18 janvier il est transféré à la prison de Fresnes. Le 9 février il apprend qu'il est condamné à mort pour «sabotage d'installations et des transports par chemin de fer; organisation de sociétés de résistance contre les troupes d'occupation». La sentence ne sera pas appliquée. En effet le 16 mars il est transféré à Compiègne, l'antichambre de la déportation.

Le 27 avril 1944 il fait partie des 1670 hommes déportés de Compiègne à Auschwitz où ils arrivent le 30 dans le convoi N° I.206. Il reçoit le matricule N° 185250.

C'est l'un des trois convois de non-juifs à être dirigés en wagons à bestiaux sur Auschwitz. Il met quatre jours et trois nuits pour arriver à destination. Ce convoi est resté célèbre sous le nom de Convoi des Tatoués. Là 1665 hommes vont être immatriculés et tatoués.

Pourquoi Auschwitz? Les historiens se sont interrogés. Plusieurs hypothèses sont possibles: soit il s'agissait d'exterminer rapidement ces déportés soit de les transférer dans des kommandos de travail dépendant d'Auschwitz soit parce qu'il n'y avait plus de place à Buchenwald.

C'est, semble-t-il, la dernière hypothèse qui est retenue. En effet arrivés à Auschwitz le 30 avril, 1561 de ces déportés vont en repartir à destination de Buchenwald le 12 mai. Ils y seront restés deux semaines.

Charles CHAMBON est transféré à Buchenwald où il arrive le 14 mai. Il y reçoit un nouveau matricule, le N° 53395.

Source du document ci-dessus: Service International de Recherches d'Arolsen  5661964.

Il séjourne au Petit Camp où a lieu la quarantaine. Il reçoit 11 piqûres dont il faillit mourir.

Puis il est affecté au Block 57 et travaille à la carrière, «lieu d'extraction de pierres, lieu terrible. L'emploi de notre journée était le suivant: lever à 4 heures, toilette, appel, départ du camp à 6 heures au son d'une musique fanfare (le travail par la joie…) encadrés par les SS et leurs chiens, travail sans arrêt jusqu'à 18 heures; retour au camp, appel, des heures durant au garde-à-vous sur la grande place; coucher (22 h, 23 h ou minuit).

(…) Mon travail à la carrière continue. Je suis affecté à la traction d'un chariot sur rail. Nous sommes 60 qui, au moyen de cordes, tirons sur l'engin, chargé de deux tonnes de pierres; il faut faire 18 voyages en 24 heures. Le sol est glissant et la dénivellation du terrain est énorme. Lorsque le chariot n'avance pas assez vite, le SS frappe, frappe, quelquefois un homme tombe, le SS se précipite et, à coups de botte, il achève celui qui ne peut se relever ou lance son chien … et le soir, nous traînons un cadavre de plus au four crématoire».

Le 18 juin après avoir subi un examen d'ingénieur-mécanicien il est affecté au Block 14 et travaille en usine, «fabrication de pièces électriques et montage de ces dernières».

Le 24 août l'aviation alliée bombarde et détruit les usines. Il va alors faire le même travail, mais à Weimar à 12 kilomètres de Buchenwald.

Le dimanche 24 décembre au soir il partage avec Gabriel DUFFAR de Moulins ce que ce dernier, «par un chef-d'œuvre d'adresse, avait réussi à se procurer et… à cacher.

Et dans le souvenir de ce triste réveillon le partage d'une pomme de terre à deux, lorsque la faim nous tenaillait, me reste encore le symbole du dévouement fraternel, de la vraie amitié dans le malheur».

Le 7 janvier 1945 il est transféré au camp de Dora et fait du terrassement, puis en février il monte un atelier mécanique.

Le 4 avril c'est l'évacuation en train. Il va mettre 6 jours pour faire les 150 kilomètres qui séparent à vol d'oiseau Dora de Bergen Belsen.

Enfin le 15 avril vers 16 heures c'est la libération….

«16 heures.- Les premiers engins blindés entrent dans le camp. Nous délirons. Nous embrassons nos sauveurs, noirs de fumée…

Mais ceux-ci nous regardent avec effroi… Nous sommes d'une maigreur extrême... Des centaines de camarades sont couchés à terre…les morts sont là, en tas. Il semble que les Alliés ne comprennent pas».

Puis c'est le retour en train d'abord, ensuite l'avion de Raisme à Bruxelles et en train jusqu'à Paris.
 
 Enfin le 22 mai 1945 à 14 h 25 arrivée à Moulins.

Après plusieurs mois de soins et de convalescence il reprend son travail à la SNCF où il sera affecté au Service du Matériel en gare de Nevers (58).

Il décède le 6 mai 1988 à Saint-Eloi (58).
 

Sources:

- Archives Départementales de l'Allier 1864 W 1, Fonds Rougeron,

- Archives de l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de la Nièvre
 
- Archives de la C.G.T.: Etat des déportés ayant appartenu à l'Union Locale CGT-Moulins avant 1939

- Archives Municipales de Moulins 5 H 80

- Chambon Charles Seize mois dans les bagnes allemands Imprimerie du Progrès 1945

- Etat civil de Vert-Saint-Denis (77)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémorial Buchenwald Dora Kommandos  Association Française Buchenwald Dora et Kommandos

- Sellier André Histoire du camp de Dora Editions La Découverte 1998

- Service International de Recherches d'Arolsen  5661964,
 
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