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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

ISAAC dit JANET Jean-Claude Maurice

Nous sommes à la recherche d'une photo et
d'une copie de sa carte de Déporté. Ecrire à afmddelallier@orange.fr

est né le 27 avril 1918 rue du Sergent Hoff à Paris (17ème). Son père Jules est professeur agrégé de l'Université et Croix de Guerre et deviendra auteur de manuels scolaires et sa mère Laure née ETTINGHAUSEN est artiste peintre. Ils sont domiciliés au N° 173, Boulevard Pereire à Paris (17ème).

Il est étudiant aux Beaux Arts quand il est incorporé le 16 septembre 1939 à Paris. Il est affecté au 24ème Régiment d'Infanterie avant d'être dirigé le 2 janvier 1940 sur le peloton des candidats élèves aspirants d'Infanterie de Vincennes. Nommé élève aspirant à compter du 1er mai 1940, il est ensuite affecté au camp de La Courtine (23) le 8 mai 1940 et nommé aspirant de réserve le 25 août 1940. Il est démobilisé le 2 janvier 1941 par le centre de Grenoble et est promu sous-lieutenant de réserve d'Infanterie à compter du 1er juin 1943.

Il est artiste peintre et agent de liaison au réseau Super-NAP à Vichy (03).


Il est arrêté le 17 octobre 1943 chez son beau-frère Robert BOUDEVILLE, responsable du réseau SuperNAP, qui est domicilié  10, rue Bintot à Vichy (03).

« Je soussigné Jean-Claude Isaac, dit Janet, certifie avoir été témoin de l'arrestation de mon beau-frère Robert Boudeville efffectuée, en même temps que celle de ma sœur, sa femme, et de 3 amis à son domicile, 9 rue Bintot à Vichy, dans les conditions suivantes: le octobre 1943 vers 20 H 30 nous terminions le diner, ma sœur, mon beau-frère et moi, lorsqu'on frappa à la porte. Quelques jours avant, son collègue à l'O.F.I. était parti brusquement pour Paris, lui confiant la direction à Vichy du groupement de résistance SuperNAP; Robert sentant le danger qu'il y avait à tenir les réunions de ce groupement chez lui, avait décidé d'en transporter à l'avenir le lieu chez un camarade. Ce soir-là était la dernière fois qu'on se réunissait chez lui, d'autant plus que le danger s'était accru du fait de l'arrestation d'un certain dentiste à Vichy (Note 1); bref trois camarades venaient d'arriver et, en attendant que nous eussions terminé notre repas, étaient passés dans la chambre à coucher attenante.
(Note 1): Il s'agit de Jean SABATIER, membre du réseau "Alliance" arrêté le 22 septembre 1943.

Ma sœur se leva donc instinctivement et alla ouvrir: aussitôt un individu entra, le revolver au poing, nous criant en français sans trace d'accent: «Haut les mains, Gestapo!». Il était jeune, grand et suivi de deux acolytes; nous levâmes tous les trois les bras tandis qu'ils inspectaient la chambre où nous nous trouvions et s'assuraient que nous n'étions pas porteurs d'armes. Ce ne fut que quelques minutes plus tard que deux d'entre eux s'avisèrent de pénétrer dans la chambre attenante et y découvrirent les trois camarades de Robert, tandis que le troisième nous gardait, revolver au poing, ils firent passer le plus jeune avec nous, nous firent asseoir et nous attendîmes un long moment tandis qu'ils fouillaient sommairement les meubles;un quatrième vint et repartit avec Robert, et ce n'est qu'une heure plus tard que nous fûmes conduits, moi et deux des autres, à la villa de la Gestapo à Vichy; jusque là aucun interrogatoire, aucune question sauf d'identité. Au siège de la Gestapo nous fûmes aussitôt séparés; on me fit bientôt monter dans un bureau où je fus interrogé à coups de poings sur le visage et de règle sur les genoux. Heureusement venant d'arriver de la campagne je ne savais rien du SuperNAP ni n'en connaissait aucun membre si ce n'est Maurice Nègre parti à Paris auquel je devais le lendemain porter un message.

Au sortir de l'interrogatoire j'aperçus mon beau-frère, le visage déformé par les coups comme le mien, que l'on reconduisait dans sa cellule; ses traits avaient enflé dans de telles proportions que j'eus de la peine à le reconnaître.

Après deux jours passés dans ma cellule de la cave de la villa de la Gestapo à Vichy, je vis par le judas ouvrant sur la cellule entrer mon beau-frère; nous nous parlâmes aussitôt, nous donnant des consignes de réponses, mais bientôt on me donna la compagnie d'un individu se disant chef de maquis qui épiait chacune de mes paroles et était visiblement un mouton; nous n'échangeâmes plus que des plaisanteries.

Quelque temps après on vint chercher mon beau-frère; je ne le revis plus; le lendemain on m'interrogea au nerf de bœuf et je fus conduit à la prison militaire de Clermont-Ferrand occupée par la Wehrmacht; c'est de là que j'aperçus par la fenêtre Robert Boudeville qui se trouvait dans une cellule de l'autre côté de la cour; nous nous fîmes signe.

Ensuite ce fut la déportation; transféré à Compiègne il fut déporté à Buchenwald le 19 janvier 1944, puis à Dora qu'il quitta au début d'avril 1944 avec un transport de malades pour le camp de Bergen Belsen, d'où il ne devait pas revenir. Son manque d'entraînement aux travaux manuels et surtout un moral profondément atteint par la connaissance du sort de sa femme vinrent à bout de sa résistance nerveuse en plus de l'épuisement dû aux conditions de vie des camps de concentration».
 
 
Il est transféré le 15 octobre 1943 à Drancy Matricule N° 6533.

Le 28 octobre 1943 il est déporté ainsi que sa mère Laure et sa sœur Juliette de Drancy à Auschwitz par le convoi N° 61.

Source du document ci-dessus: Mémorial de la Shoah C61_19.

Dans Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, Serge Klarsfeld écrit à propos du convoi N° 61: " Le train est parti à 10 h 30 de Paris /Bobigny avec 1000 Juifs; chef d'escorte, le meisterder Scupo Schramm. 125 enfants de moins de 18 ans se trouvent dans ce convoi. (...) 284 hommes ont été sélectionnés à l'arrivée avec les les matricules 159546 à 159829; de même pour 103 femmes, matricules 66451-66533. 613 gazés. En 1945, 42 survivants dont 3 femmes".

 A Auschwitz il reçoit le matricule N° 159664 et est transféré au Kommando de Fürstengrube pour y travailler dans les mines de charbon.

Source du document ci-dessus: Service International de Recherche d'Arolsen 1.1.2.1 / 498429.

Il est évacué le 28 janvier 1945 vers le camp de Dora où il reçoit un nouveau matricule, le N° 108522.

Source des documents ci-dessus: Service International de Recherche d'Arolsen 1.1.27.1 / 2533253. et 1.1.27.1 / 2533256.


Il est affecté au Kommando d'Ilfeld.


Ilfeld: Kommando de Dora situé à 2,5 km au nord de Harzungen ouvert en janvier 1945. Environ 80 détenus y sont affectés en janvier 1945 pour y effectuer des travaux de terrassement pour installations électriques. Ce Kommando est évacué en mars 1945.
Source:  Livre Mémorial de l’Association Française Buchenwald Dora et Kommandos.

 
Lors de son transfert vers Hambourg, il s'évade à pied le 10 avril 1945 aux environs de Gardelegen/Salzwedel après le bombardement des voies de chemin de fer par les Alliés.

Il est rapatrié le 3 mai 1945 par le centre de Revigny (55).

Il est autorisé à changer de nom et à s'appeler JANET suite au décret du 7 juin 1949.

Le 22 juin 1949 il épouse Jeanne FRÉJAVILLE à Paris (10ème).

Il est recensé dans le livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation dans le convoi N° I.296 où sont regroupés les Juifs résistants déportés par mesure de persécution.

Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 306073), il est homologué en tant que Résistant au titre des F.F.C. (Forces Françaises Combattantes)  et des D.I.R. (Déportés et Internés de la Résistance).

La carte de Déporté Résistant N° 1.001.01553 lui est attribuée sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 14 novembre 1950.

Il décède le 28 août 2008 à Paris (10ème) selon l'état civil de Paris (17ème).

 
Sources:

- Archives de Paris  D4R1 3636

- Bidault Suzanne Souvenirs de Guerre et d'Occupation Editions La Table Ronde 1973 page 210,

- Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains

- Centre de Documentation Juive Contemporaine C61_19

- Dictionnaire Historique de la Résistance sous la direction de François Marcot Robert Laffont avril 2006

- Etat civil de Paris (17ème) et de Paris (10ème)

- Klarsfeld Serge Mémorial de la Déportation des Juifs de France  1978

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 306073)

- Service International de Recherche d'Arolsen    1.1.27.1 / 2533253, 1.1.27.1 / 2541399, 1.1.27.1 / 2533253, 

- Témoignage écrit de Jean-Claude Isaac dit Janet
 
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