Err

Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 
ROJO RABOSO Esteban Eusebio Manuel
 
 

est né le 3 août 1897 à Alcala de Henares près de Madrid (Espagne). Il est le fils d'Eusebio et d'Ysabel RABOSO.

Le 28 décembre 1936 il épouse Conception GATELL CALULL à Barcelone.

Source de la photo: Archives de la famille.

Républicain espagnol il se réfugie en France avec son épouse  et leur fille Paquita et réside d'abord au N° 13, rue  Louis Blanc à Moulins.

Leurs noms figurent sur le recensement  des "Réfugiés Espagnols indigents qui ne veulent pas être rapatriés" tamponné à la Préfecture de l'Allier à la date du 12 novembre 1940.


Source du document ci-dessus: Archives Départementales de l'Allier Police des Etrangers Recensement des Etrangers indésirables ou indigents.

Ils sont ensuite domiciliés 33, rue du Rivage à Moulins à proximité du Pont Régemortes sur la rivière Allier qui est un lieu de passage de la Ligne de Démarcation.

Selon le témoignage de Charles LÉGER dit «La Pipe», Manuel ROJO est agent de liaison et s'occupe de faire passer des armes et des explosifs à la Ligne de Démarcation.

Un autre témoignage, celui de Noël VACHER du Maquis du Cantal, certifie qu'il «a prêté plusieurs fois son concours durant l'année 1941 pour faciliter l'évasion et le passage de la Ligne de Démarcation aux prisonniers du camp de Fourchambault».

Il est arrêté le 18 octobre 1941 dans le cadre de l' "Opération Porto» selon le livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Son nom figure sous le N° 177 sur la liste de prisonniers arrêtés dans l' "Opération Porto" par la Police de Sûreté allemande.


Source du document ci-dessus: Service International de Recherche d'Arolsen 1.2.2.1 / 11513798.

Opération "Porto": Il s'agit d'une grande vague d'arrestations menée par les services du contre-espionnage militaire allemand, l'Abwehr, entre juin 1941 et août 1942 dans la Zone Nord occupée, la plupart d'entre elles ayant eu lieu au cours du mois d'octobre 1941.
Ainsi la plus vaste opération de déportation de l'année 1941 au départ de Paris, résultat d'une mesure répressive particulière, préfigure celles qui se succéderont au cours des mois suivants, organisées dans le cadre de la procédure "Nacht und Nebel" en vue d'un jugement en Allemagne.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Sont arrêtés avec lui: Noé DELGADO GARCIAIgnacio PARRAL , Enrique RADAL LLEDOS et Rufo LOPEZ ROMERO. Ils sont internés à la prison de Fresnes.

Le 10 décembre 1941 il est déporté de Paris à la prison d'Essen, située à 30 Km de Düsseldorf. Il va aller de prison en prison:

- Wittlich, prison située près de Cologne du 22 juillet 1942 au 27 septembre 1943,

- Cologne, prison qui fut le premier siège du tribunal chargé des affaires NN,

- Retour à Wittlich,

Document ci-dessus:  Extrait de la  liste de ressortissants français ayant été  internés à  la prison de  Wittlich. Source:  Division des Archives  des Victimes des Conflits Contemporains.

Puis il est interné dans les prisons suivantes:

- Untermassfeld, prison au sud de Meiningen qui reçoit les NN transférés de Wittlich,

- Schweidnitz, prison près de Breslau,

- Breslau, capitale de la Silésie, second siège du tribunal en charge des NN,

Selon le livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation «A la fin de l'été 1944 les autorités allemandes décident la fin de la procédure «Nacht und Nebel» en raison de l'encombrement des tribunaux chargés de traiter ces affaires. Cette décision, notifiée par décret, a comme conséquence des transferts vers des camps de concentration. Ceci se concrétise par le transfert des hommes vers les KL Gross Rosen, Sachsenhausen et Flossenbürg».

Il est alors transféré à Gross Rosen, camp de concentration à 60 km de Breslau.

Face à l'avance des troupes soviétiques les déportés sont évacués  de Gross Rosen en février 1945. Manuel ROJO fait partie de ceux qui sont transférés à Dora pour travailler au Tunnel.

Dora: Ce camp dépend à l'origine du KL Buchenwald qui n'est situé qu'à environ 80 km. Il a été créé en septembre 1943 pour accueillir dans ses tunnels l'usine de Peenemünde bombardée par la RAF le 17 août 1943. Les déportés travaillent en deux équipes de douze heures. Ils creusent des galeries dans des conditions inhumaines.  La mortalité est très élevée. Dora devient autonome en octobre 1944.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Il y reçoit le matricule N° 113747. Epuisé par le travail, il est transféré au Kommando mouroir de Nordhausen où il décède au cours d'un bombardement. Voir ci-dessous le témoignage de son camarade Marcel FERNANDEZ RUIZ.

Nordhausen: Kommando des KL Buchenwald-Dora.Ce Kommando est situé à quelques kilomètres du camp de Dora et il fonctionne au service d'entreprises de la ville. Les détenus sont logés à la Boelcke Kaserne, où on regroupe de plus en plus, en 1945, des détenus inaptes au travail, extraits d'autres Kommandos, comme celui d'Ellrich. Un transport est ainsi formé vers Bergen-Belsen le 6 mars 1945, et aucun de ceux qui le forment ne revient de déportation.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Témoignage de Marcel FERNANDEZ RUIZ, déporté à Wittlich, Breslau, GrossRosen, Dora, Nordhausen, dans une lettre adressée à l'épouse de Manuel ROJO, lettre datée du 11 mars 1946:

«Nous sommes restés presque tout le temps ensemble depuis le transbordement de la prison de Breslau pour le camp de Gross Rosen en Sibérie.

Puis nous avons été évacués au camp de Dora suite à l'avancée des troupes soviétiques.

A Dora nous avons été employés à travailler dans le tunnel (là où ils construisaient les fusées V1 et V2), mais notre état de santé déficient ne nous a pas permis de poursuivre, nous étions complètement usés. Par ce fait ils nous ont transférés à Nordhausen là où ils en finissent avec nous. Ceci se passait dans les premiers jours de mars 1945, après trois semaines dans ce camp ont commencé les bombardements.

Dans le premier bombardement nous sommes sortis tous les deux indemnes et sans blessures. Un autre jour, quelques minutes avant le second bombardement, nous étions ensemble, je l'ai laissé pour aller parler avec d'autres camarades qui se trouvaient à une distance d'environ trente mètres quand le deuxième bombardement a eu lieu, il a duré un peu plus de trente minutes.

Lorsque cela a été fini je me suis relevé indemne, la première chose que je fis a été de me rendre à l'endroit où j'avais laissé votre mari, mais je ne l'ai pas retrouvé.

Il y avait des cadavres partout tellement endommagés que je ne pouvais pas les reconnaître, je n'ai pas pu reconnaître votre mari parmi eux.

Vous m'excuserez de la peine que je vous occasionne en vous exposant tous ces détails, je suis resté encore huit jours à errer dans le camp sans jamais le revoir.»
 
Dans l'acte de disparition émanant du Ministère des Anciens Combattants en date du 25 octobre 1947 il est indiqué que  "la disparition s'est produite dans des conditions qui auraient donné droit à la mention"MORT POUR LA FRANCE" s'il y avait décès constaté".
 
Le 6 juillet 1949  est attribué à Manuel ROJO RABOSO le Certificat d'Appartenance à la Résistance Intérieure Française avec le grade fictif de sergent.
  
Il est déclaré décédé suite au jugement du Tribunal Civil de Moulins rendu le 27 novembre 1951.

Il décède le 19 avril 1945 à Nordhausen selon le JO N° 174 du 28 juillet 2013.

"Mort en déportation".

Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 518004), il est homologué en tant que Résistant au titre de  la R.I.F. (Résistance Intérieure Française).

Pourtant c'est la carte de Déporté Politique N° 1.111.11093 qui lui est attribuée à titre posthume sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 29 avril 1954.

La famille adhère à l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de l'Allier.



Source du document à gauche ci-dessus: Archives de l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de l'Allier.
Source du document à droite ci-dessus: Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand.

 
 

Sources:

- Archives Départementales de l'Allier Police des Etrangers Recensement des Etrangers indésirables ou indigents.

- Archives de la famille

- Archives de l'Association des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de l'Allier

- Bureau des Archives des Victimes des Conflits Contemporains

- Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand

- Etat civil de Moulins (03)

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- memorialgenweb  site Internet

- Service International de Recherches d'Arolsen 1.2.2.1/11513798  Akten des Volksgerichtshofes Berlin bzw. Anklageschriften von Staatsanwaltschaffen, 1.2.2.1 / 11383096  Auszug aus einer Namenliste des Gefängnis Untermassfeld



© AFMD de l’Allier