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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
 

REYNAL Georges Charles Jean


est né le 28 juin 1901  rue Traversière à Asnières (75). Son père Jules est lieutenant au 14ème Bataillon de Chasseurs Alpins et sa mère Marie née VENTRE est sans profession.

Engagé volontaire pour deux ans à 17 ans il est affecté au 13ème Bataillon de Chasseurs Alpins et ensuite est envoyé sur le front. Il est démobilisé en juin 1920.

Il exerce ensuite plusieurs métiers: bûcheron, secrétaire, entrepreneur de transports routiers, etc.

Il est sans profession quand il épouse Augustine BOQUET à Paris (18ème) le 4 avril 1933.

Source du document ci-contre: Archives de Paris 3595 W 52.


Après la signature de l'Armistice il rejoint Vichy et se met au service de Pétain. Il entre au Ministère de l'Information où il est chargé de la censure.

Il devient directeur du SCP (Service Central Photographique) du cabinet de Pétain dont il est un fervent admirateur et dont il fait la propagande photographique. Avec le N° 60 sur les quelques 2620 récipiendaires il est parmi les premiers décorés de la Francisque.

Il sera lui-même le parrain de plusieurs décorés.


Mais Georges REYNAL est un personnage complexe. S'il admire Pétain, il n'en reste pas moins un ardent patriote.

Selon Françoise DENOYELLE, "En 1943 , Reynal entre dans la Résistance sous la direction des colonels Colliou et Pfister. Ce dernier deviendra par le suite chef de l'Organisation  de la Résistance de l'Armée de la zone Sud (ORA). Sous le pseudonyme de Leroy , Reynal intègre le groupe "Roussel"  pseudonyme du colonel Colliou de la division d'Auvergne. Il organise le SCP en centre de renseignements au profit des armées alliées et fournit des informations sur l'identification des troupes allemandes, leurs implantations, leurs mouvements et l'emplacement des terrains d'aviation".


Il est arrêté sur dénonciation le 3 février 1944 par la Feldgendarmerie de Lapalisse alors qu'il «se rendait en Haute Savoie pour y recueillir des renseignements sur la situation des maquis menacés par la milice et les allemands» selon l'attestation du général PFISTER. Il est alors en compagnie d' Armand Van WEERDEN, son adjoint, et  de René JANÇON, commissaire de police.

Françoise Denoyelle décrit l'arrestation: " Au passage à niveau de Lapalisse (Allier), Reynal et ses passagers sont arrêtés par des schuppos. A la lueur d'une lampe électrique, l'un deux regarde le numéro d'immatriculation de la voiture, tire un bout de papier de sa poche et dit "" Ya, es ist gut Nummer"". Ils traversent Lapalisse, bras en l'air, mitraillettes aux flancs, et sont emmenés dans une propriété à la sortie de la ville."

Ils sont internés à la Mal-Coiffée, prison militaire allemande à Moulins (03). Selon Raphaël LASSANDRE,   « REYNAL occupait la cellule 22, celle des condamnés à mort (c'est l'appellation qui lui était donnée jadis)». Ceci est confirmé par Françoise Denoyelle: " Reynal est envoyé seul dans la cellule N° 3 où il séjourne peu de temps. Il est ensuite incarcéré dans le cachot N° 22, celui des condamnés à mort et demeure au secret soixante-treize jours. Soumis pendant neuf jours, à raison de huit heures par séance, à de nombreux et violents interrogatoires, Reynal ne parlera pas. Les questions posées lors des interrogatoires, comme son arrestation, démontrent que ses activités au sein de l'ORA sont connues et que lui et ses camarades ont été dénoncés".

Le 1er mai ils sont transférés de Moulins à Compiègne où ils vont rester une dizaine de jours. Puis le 12 mai 1944 il fait partie des 2073 hommes déportés de Compiègne à Buchenwald où il arrive le 14 dans le convoi N° I.211.



Source du document ci-dessus: Service International de Recherches d'Arolsen 6922177.

Il y reçoit le matricule N° 50961. Après la quarantaine il est affecté à la Baubrigade VI en compagnie d'un certain nombre de résistants arrêtés à Saint-Pourçain-sur-Sioule (03) et sa région.
Une Baubrigade est un Kommando extérieur mobile qui est chargé de divers travaux: construction et réparation de voies ferrées, déblaiement de décombres après un bombardement, etc.

Il est affecté d'abord au Kommando d'Ellrich.

Ellrich: Kommando de Dora. Ce Kommando, dépendant du camp de Dora, est constitué de bâtiments abandonnés d'une fabrique, avec un vaste terrain en friche, au sud de la ligne de chemin de fer de Herzberg à Nordhausen, à hauteur de la gare de la petite ville d'Ellrich. Entre mai et septembre 1944, on évacue vers Ellrich des milliers de détenus pour travailler sur des chantiers dépendants du "Sonderstab Kammler", qu'il s'agisse du creusement de galeries souterraines ou de tous les travaux de génie civil en surface.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Puis il va être transféré au Kommando de Günzerode.

Günzerode: Kommando de Dora. Les détenus qui travaillent à Günzerode, à 8 km du camp de Dora, font partie de la SS Baubrigade 4, rattachée à Ellrich-Théâtre. Ils doivent construire une voie ferrée reliant Nordhausen à Kassel.
Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

A gauche le kommando de Günzerode: une bergerie entourée d'un réseau de barbelés.
A droite face au Kommando, une maison de maître servait de poste de garde.
Source des photos: Raphaël Lassandre Douze mois dans l'enfer nazi.

A Günzerode la Baubrigade est divisée en 4 kommandos. Il est affecté au kommando N° 4. Témoignage de Raphaël LASSANDRE: «Dans ce kommando nous sommes une équipe de camarades qui s'étaient connus à la prison de Moulins ou à Compiègne, entre autres: les deux PELLETIER, BOUCHON, BOUDONNAT, CAMPRON, REYNAL, JANÇON et moi-même, FONFRED, commandant de gendarmerie à Clermont-Ferrand, et André PINEL, de Bellegarde, natif de Montmarault».

«Après un quart d'heure de marche, nous arrivons sur les lieux de travail où un conducteur de travaux allemand nous attend (…). Il donne des ordres au Kapo. Il s'agit de la construction d'une ligne de chemin de fer stratégique reliant Dora à Kassel, destinée au transport de la nouvelle fusée. Nous nous munissons de pelles et de pioches et commençons le travail".

Le 4 avril 1945 c'est l'évacuation. Ils partent à pied à la gare d'Ellrich où des wagons découverts les attendent. Selon Raphaël LASSANDRE la destination devait être Bergen Belsen, mais le 7 avril à 0ebisfelde le train est bombardé et la locomotive est atteinte et doit être changée. Ils atteignent la gare de Mieste le 10 avril et repartent à pied.

Georges REYNAL est libéré le 16 avril 1945.


En juillet 1946, Georges REYNAL est décoré de la Légion d'Honneur par le général PFISTER dans la cour des Invalides.

Source: Photographie Trampus, archives Paul Racine dans "La photographie d'actualité et de propagande sous le régime de Vichy" CNRS Editions Paris 2003 avec l'aimable autorisation de l'auteure Françoise Denoyelle.

Note de l'AFMD de l'Allier: L'épouse du colonel PFISTER, Marie née DEGOUL, résistante membre de l'ORA, est déportée le 13 mai 1944 à Ravensbrück.

Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 507841), il est homologué en tant que Résistant au titre de la R.I.F. (Résistance Intérieure Française) et des D.I.R. (Déportés et Internés de la Résistance).

La carte de Déporté Résistant N° 1.001.00532 lui est attribuée sur décision du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 19 juillet 1950.

Source du document ci-dessus: Archives de Paris 3595 W 52.

Georges REYNAL décède à Fréjus (Var) le 1er juillet 1985.

Sources:

- Archives de Paris 3595 W 52

- Bureau des Archives des Victimes des Conflits Contemporains à Caen

- Denoyelle Françoise La photographie d'actualité et de propagande sous le régime de Vichy CNRS Editions 2003

- Etat civil d'Asnières (75) et de Paris (18ème)

- Lassandre Raphaël Douze mois dans l'enfer nazi Imprimerie Granjean Avermes 1995

- Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias 2004

- Mémorial Buchenwald Dora Kommandos  Association Française Buchenwald Dora et Kommandos

- Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 507841)

- Service International de Recherches d'Arolsen 6922177

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