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Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier
ROYAL  Abel  René  Emile

Son parcours

Abel René  Emile ROYAL est né le 15 avril 1894  à Coussey (Vosges). Son père est militaire, sa mère Clémence née GUYOT est  sans profession. 

 

Situation militaire

Classe 1914 matricule 8191 Centre de recrutement de Verdun. Il est mobilisé le 1erseptembre 1914 au 5ème Régiment d’Artillerie à pied et démobilisé le 19 août 1919 avec le grade de maréchal-des-logis. Il est titulaire de la Croix du Combattant et de la Médaille Interalliée. Gazé de guerre, il est réformé définitif N°1 avec pension à 35% le 29 août 1932.

Source de la photo: Archives de la famille.


Situation familiale 

Le 8 mai 1920  il épouse Antoinette MEREGHETTI et ils ont deux enfants Josette et Maxime.

Ils arrivent à Vichy en 1930 et habitent au 36, rue de Madrid depuis 1932. Josette et son mari Jean FERLOT viennent vivre avec eux depuis que ce dernier est démobilisé, c’est-à-dire novembre 1942.

 

Situation professionnelle

Il est encaisseur à la Compagnie du Bourbonnais Gaz et Electricité à Vichy où, selon le directeur, « ses solides qualités de travail et sa continuelle bonne humeur » sont appréciées.

 

La résistance

Il entre au Réseau "Alliance" en octobre 1942 après avoir été contacté par Rachel GUILLEBAUD. Agent V.41, puis sous-chef du secteur  de Vichy de ce réseau de renseignements, il est plus particulièrement chargé du transport des armes et participe à des parachutages et des coups de main.

 

Réseau «Alliance»: cet important réseau de renseignement essentiellement militaire- mais aussi filière d'évasion- est créé en avril 1941 par le commandant Georges Loustaunau-Lacau.

D'abord pétainiste, puis giraudiste, il va finalement se rallier au général De Gaulle début 1944. Il est dirigé par Marie-Madeleine Fourcade et le commandant Faye.

Source: Dictionnaire Historique de la Résistance.

Son grade correspond à chargé de mission de 3ème classe (sous-lieutenant) à la D.G.E.R. (Direction Générale des Etudes et Recherches).

(Archives de la famille)


L’arrestation

Le 19 avril 1943 ce sont 29 personnes du réseau Alliance qui sont arrêtées par la Gestapo sur dénonciation du traître, Marius CHAMBON. Ce dernier, mécanicien de profession,  avait été contacté en décembre 1942 pour participer à une évasion à Evaux-les-Bains dans la Creuse. Mais il est plus intéressé par l’argent que par la Résistance et exerce un chantage sur le réseau, réclamant de plus en plus d’argent. Il se fait en général arrêter avec ses victimes, puis, relâché, continue son travail d’indicateur pour la Gestapo.

Abel ROYAL est arrêté le lundi 19 avril 1943 à 7 heures 50 à son domicile par BATISSIER alias Capitaine SCHMIDT et 6 autres membres de la Gestapo. Il refuse de répondre aux questions.

Les arrestations s’y succèdent

son fils Maxime, d’abord,

puis son gendre Jean FERLOT et le frère de celui-ci, Gabriel, vers 8 heures 15.

Vers 14 heures, M.FERLOT père, étonné de ne pas voir rentrer son fils Gabriel, vient aux nouvelles et est arrêté à son tour.

 Dans l’après-midi, une tante, puis Madame FERLOT, ne voyant revenir personne, se présentent et sont arrêtées, mais sont relâchées.

Vers 17 heures, Monsieur Célestin GOBERT de Cusset

Vers 20 heures Monsieur Jean DESARCE de Vichy sont arrêtés.

Vers 23 heures 30, les 7 hommes sont emmenés au siège de la Gestapo, 127, Boulevard des Etats-Unis et mis en cellule collective.

Le motif de l’arrestation fourni par les autorités allemandes est le suivant:« Activité au profit du Service de Renseignements ennemi. Etait en liaison avec des personnes appartenant à un mouvement de résistance« Combat » et connaissait des cachettes d’armes de cette organisation. S’occupait de l’établissement de fausses cartes d’identité ».

Alors que les autres personnes sont transférées à La Mal-Coiffée à Moulins dès le 20 avril  à 4 heures du matin, Abel ROYAL reste entre les mains de la Gestapo de Vichy et est torturé.

L’internement

Le 24 avril il rejoint les autres à la Mal-Coiffée, prison militaire allemande  à Moulins, où il reste jusqu’au 26 mai.

Il est alors transféré à la prison de Fresnes où sont regroupés les résistants du réseau Alliance.

Gabriel FERLOT et son père ainsi que Maxime ROYAL après un séjour à Dijon  sont libérés le 29  mai 1943.

Dès sa libération, Maxime ROYAL qui est inspecteur de police entreprend pour retrouver la trace de son père de multiples démarches auprès de différentes autorités, entre autres  Monsieur de BRINON, délégué général du gouvernement français dans les territoires occupés, le Ministère de l’Intérieur, la Police Allemande à Paris, la Croix-Rouge Française,le Centre Quaker de Paris, etc. En vain.

Source du document ci-contre: Archives Municipales de Vichy H 101 Boîte N° 5.


La déportation

En vain, car les dossiers des membres du réseau "Alliance" sont traités par l’Abwehrstelle ou service de contre-espionnage de la Wehrmacht.

Le 17 décembre 1943, Abel ROYAL est déporté de Paris à la prison de Kehl dans l’attente du jugement qui a lieu le 16 février 1944 à Fribourg-en-Brisgau. Il est condamné à « mort pour espionnage » par le tribunal militaire. Il introduit un recours en grâce qui est rejeté le 19 avril 1944.

Dans l’attente de l’exécution, il est transféré à la prison de Ludwigsburg où, selon le témoignage de deux codétenus, Charles VERGELY et Lucien ROHMER, dans des lettres à Madame ROYAL,  les prisonniers sont enfermés en cellule individuelle et occupés, par exemple, à confectionner des sacs en papier. Il a droit, comme ses camarades, à une demi-heure de promenade le matin.

Le 22 mai 1944 au soir, ils sont prévenus qu’ils vont être fusillés le lendemain. Selon le témoignage de Charles VERGELY, déporté à Ludwigsburg, dans une lettre à Madame Abel ROYAL, « les quinze Français ont reçu la communion. Ils avaient été prévenus le lundi soir quand on leur avait fait quitter ce bâtiment pour les réunir ; ils sont partis le mardi matin en chantant la Marseillaise ».

Il est fusillé le mardi 23 mai 1944 et est inhumé au cimetière juif de Ludwigsburg tombe N°5.

                

L’endroit près de Ludwigsburg où est fusillé Abel ROYAL le 23 mai 1944

(Archives de la famille)

Tombe d’Abel ROYAL, Paul DUMONT, Eugène MAZILLIER et Alexandre LAZARE

 (Archives de la famille)

Parmi les quinze fusillés en plus d’Abel ROYAL se trouvent quatre Bourbonnais : Paul DUMONT de Moulins, Eugène MAZILLIER de Vichy, Raymond PORNIN de Cusset  et Auguste RANDIER de Charmeil.

 

Que sont ses amis devenus ?

 

Jean DESARCE 

né le 6 décembre 1920 à Royat (63) est déporté le 25 juin 1943 de Compiègne à Buchenwald dans le convoi N° I.110. Matricule N°14732. Kommandos :Karlshagen (Peenemünde), Dora,  Il est libéré le 11 avril 1945 à Dora.

né le 29 août 1919 à Vichy (03) est déporté le 25 juin 1943 de Compiègne à  Buchenwald  Matricule N° 14737 dans le convoi N° I.110. Il est resté au camp central. Il est libéré le 23 avril 1945 à Untertraubenbach près de Cham au cours de l’évacuation.


Célestin GOBERT 

né le 7 décembre 1898 à Langy (03) est déporté NN le 8 novembre 1943 de Paris  Gare de l’Est à Neue Bremm dans le convoi N° I.151.Transféré à Buchenwald  Matricule N°28358. Transféré au Struthof, puis évacué à Dachau. Il est libéré le  29  avril 1945 à Dachau. 


…et ses ennemis ?

 

Le traître Marius Paul CHAMBON, né le  12  mars 1920 à Coullons (45) , après avoir fait arrêter les membres du réseau Alliance, entrera au service de  la Gestapo de Vichy. Il sera arrêté, jugé et condamné à mort par la Cour de Justice de l’Allier. Il est exécuté le 13 février 1946 à Clermont-Ferrand (63).

Sa complice, Odette LÉBÉ, née le10 novembre 1905 à Mazères-sur-Salat (31) est condamnée à mort par la Cour de Justice de Riom en janvier 1948 pour « intelligence avec l’ennemi ». Elle est exécutée le 26 janvier 1949 à Riom (63).

Le collaborateur  Georges Jany BATISSIER alias Capitaine SCHMIDT né le 24 mai 1909 à Moulins (03) ex-commissaire de police à la 3ème sous-direction des Renseignements Généraux de Vichy a travaillé sous les ordres de POINSOT. Il est fusillé à Nevers (58) le 18 juillet 1946.

   

 Hommages posthumes


 Une lettre en date du 18 juillet 1945 de Madame Marie Madeleine FOURCADE, chef du réseau Alliance, à Madame ROYAL. Reproduite in extenso en annexe.

 

Une plaque commémorative fut apposée sur la maison d’Abel ROYAL 36, rue de Madrid à Vichy le 18 septembre  1945.


                       Archives de la famille

 

   Sur proposition très favorable de Monsieur Robert FLEURY, Préfet de l’Allier, qui écrit : «Honorablement connu et estimé à Vichy, il était appelé à jouer un rôle important dans la Résistance si sa déportation n’avait mis fin à son activité patriotique», la  Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur est attribuée à titre posthume à Monsieur Abel ROYAL par décret en date du 10 janvier 1947. Ce décret est signé de Monsieur Robert LACOSTE, Ministre de la Production Industrielle« en reconnaissance des services qu’il a rendus au cours de sa carrière et en hommage à son  dévouement au Pays, pour lequel il n’a pas hésité à faire le sacrifice de sa vie ».


 

Le 6 mai 1946 Certificate of Service attribué à Abel ROYAL « who, as a volunteer of the United Nations, laid down his life that Europe might be free. » "qui,  en tant que volontaire des Nations Unies, a donné sa vie pour que l’Europe soit libre” signé du Field Marshall MONTGOMERY.

 

                        Le corps de Monsieur Abel ROYAL est  rapatrié d’abord à Strasbourg le 10 juillet 1947 et, après une messe solennelle en l’église de Cusset,  il est inhumé au cimetière de Vichy le 15 juillet 1947.

Plaque sur la tombe d’Abel ROYAL  (Photo : Jeannine ERBLAND)


Selon le Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 526450), il est homologué en tant que Résistant au titre des F.F.C (Forces Françaises Combattantes)  et des D.I.R. (Déportés et Internés Résistants).

La carte de Déporté Résistant N° 1.011.04133 lui est attribuée à titre posthume sur décision du Ministère des Anciens Combattants en date du 26 mai 1951.

Source du document ci-dessus: ODACVG du Puy-de-Dôme.

Annexe 1 : Lettre de Marie-Madeleine FOURCADE à Madame ROYAL


               Archives de la famille


 
 
Sources :

- Archives Départementales de l’Allier  1864 W 1,1289 W 51, 630 W 1,

- Archives de la famille

- Archives Municipales de Moulins  5 H 81
 
- Archives Municipales de Vichy  H 101 Boîte N° 5

- L’Arche de Noé Réseau « Alliance » 1940-1945  de Marie-Madeleine Fourcade,  Plon 1968

- Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand
 
- Fourcade Marie-Madeleine  L'Arche de Noé Réseau "Alliance" 1940-1945   Plon 1968

- Gerhards Auguste Tribunal de guerre du IIIe Reich Le Cherche Midi et Ministère de la Défense Paris 2014

- Livre-mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Editions Tirésias, 2004

- Service Historique de la Défense (Dossier GR 16 P 526450)


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